Sport : comment pérenniser la professionnalisation et rentabiliser le championnat guinéen de football ? (première partie)

A l’instar de plusieurs pays africains, et sur recommandations de la FIFA, la Guinée a opté pour la professionnalisation de son championnat national de football en 2015. Mais force est de constater que, malgré la volonté du nouveau président de la fédération guinéenne de football et les membres de la LGFP, cette professionnalisation bat de l’aile. Plusieurs pistes peuvent être empruntées ou envisagées pour d’un côté, bien professionnaliser la ligue 1 et de l’autre la rendre encore plus attractive et donc plus rentable. (Par Hamidou BAH, Chargé de la commande publique, Consultant international, Spécialiste en géopolitique)

  1. PERENISER LA PROFESSIONNALISATION DU CHAMPIONNAT GUINEEN

Quand on passe du statut d’amateur au statut de professionnel, il est impératif dans un premier temps de se doter d’institutions fortes, des infrastructures capables d’abriter la compétition dans un deuxième temps et pour finaliser le tout, mettre un cap sur la formation.

  • LA MISE EN PLACE DES INSTITUTIONS

La condition Sine qua non pour professionnaliser un secteur est de mettre en place des instituions en charge de l’organiser. L’idée n’a pas manqué de traverser la tête des instances dirigeantes de la fédération qui, jusqu’en 2016 était l’organe en charge d’organiser le championnat national de football. En 2016, sous l’impulsion de M. Antonio SOUARE, président de la fédération, il a été créé la ligue (non sans difficultés). La ligue guinéenne de football professionnel est donc l’association qui assure, sous l’autorité de la fédération, la gestion des activités du football professionnel du pays avec en toile de fond l’organisation du championnat de football des ligues 1 et 2.

Pour être crédible, la ligue se doit, de mettre en place des textes tout à la fois souples et contraignants afin de permettre aux clubs d’être en adéquation avec leur statut. Ces statuts doivent mentionner aux clubs de proposer des contrats professionnels aux joueurs, de plafonner la masse salariale et d’encadrer l’effectif professionnel. Aussi, à travers les subventions accordées par l’Etat, la FIFA, la CAF et la fédération, la LGFP se doit de contrôler les finances des clubs de ligues 1 et 2 afin de leur éviter de déposer le bilan et perdre ainsi leur statut professionnel, car est-il opportun de rappeler que dès lors que les clubs sont professionnels, ils doivent prendre la forme de sociétés au regard du droit.

  • LES INFRASTRUCTURES

Il s’agit-là d’un élément d’une grande importance si ce n’est le plus important. Soulignons néanmoins que cet aspect-là concerne l’Etat himself. La Guinée manque cruellement d’infrastructures en général et sportives en particulier. A ce jour, seul le stade du 28 septembre est en mesure d’abriter des compétitions dans les normes (je fais abstraction de l’état de la pelouse et de la menace des institutions footballistiques internationales de suspendre ce stade), le stade de Nongo n’est que l’ombre de lui-même et les stades régionaux laissent à désirer.

A côté de cela, si un club basé en province accède à l’élite, l’organisation du championnat devient pratiquement compliqué voire impossible du fait de l’état de dégradation poussée des routes, le manque de moyens aériens et d’aérodromes.

Dans ces conditions, on est censé d’admettre que la décision de la LGFP de faire jouer la compétition de ligue 1 à Conakry est une révolution car elle est en adéquation avec la situation économique du pays. La seule interrogation est de savoir comment la ligue compte indemniser les clubs de l’intérieur du pays qui sont dans l’obligation de rester à Conakry. L’organisation de la CAN 2023 promise en Guinée (si seulement elle a lieu) pourra être  bénéfique en termes d’infrastructures pouvant accueillir le championnat national en toute quiétude.

  • LA FORMATION

Pérenniser la professionnalisation de la ligue 1 passe naturellement par la formation. Certains des mécènes qui ont investi dans le foot en Guinée ont d’ailleurs eu cette idée. Le HOROYA AC, l’académie TITI, en passant par d’autres projets en cours de finalisation  ont ainsi fait le pari d’investir à la base sur la formation avec l’idée, à moyen terme, de voir leurs éléments monter l’échelle des catégories jusqu’au haut niveau. Les clubs de Ligue 1 ayant un budget moins élevé peuvent mutualiser certaines compétences : soins médicaux, terrains, service communication… ou nouer des partenariats avec des petits clubs de quartiers pour recruter dans un vivier impérissable de talents bruts qui ne  demandent qu’à être polis.

Cette politique de formation permettra aux clubs d’un côté d’avoir des joueurs de qualité (pour ceux qui vont sortir du lot et être au niveau) sans dépenser un sou et de l’autre côté, de nouer des partenariats avec les clubs européens pour revendre les plus talentueux et avoir des primes de la formation sur d’éventuelles reventes.

Pour inciter au développement, une barrière à l’entrée du championnat interrégional doit être mise en place : il est indispensable de disposer d’un entraîneur diplômé, d’une école de foot ainsi que d’un personnel médical compétent. 

Dans la dernière partie de cette analyse, nous reviendrons sur les moyens de rentabiliser le championnat guinéen de football. 

 

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