Peu convaincant, difficultés de proposer une bonne politique de développement national ou communication hors contexte. Les analyses sont diverses à la suite du discours de politique générale prononcé par le Premier ministre, ce mois devant les parlementaires. Kassory Fofana qui déclare pour l’occasion que les autorités ne savent pas d’où est venu l’ordre de démolir les concessions consécutivement à la décision de débarrasser les routes des encombrants physiques. Quelques jours plus tard et au regard du tollé que ce discours a suscité, le premier ministre reprend parole sur une radio privée. Le Chef du gouvernement affirme là aussi qu’il ne saurait être de la Basse Guinée et laisser qu’on détruise les maisons des citoyens de la région. Un autre « coup de pieds dans la fourmilière » qui a suscité des valses de critiques contre celui en qui l’on voit désormais un régionaliste. Ainsi pour plusieurs observateurs, ces sorties de Kassory Fofana pose un problème de communication qui relance par ailleurs le débat sur l’opportunité et la pertinence des expressions utilisées. « La sortie du premier ministre est une sortie ratée. Au lieu de défendre sa politique, on a assisté à un mea-culpa. Il a passé son temps à faire la revue de ses échecs, à expliquer les causes de toutes les difficultés que nous avons eues. Pour quelqu’un qui devrait défendre une politique de développement, sa stratégie, il devrait être rassurant. Rassurant face aux députés qu’il devrait convaincre, et face à la population qu’il dirige, explique Mamadou Aliou Souaré, spécialiste en communication. N’oublions pas, dit-il, que la fonction qu’il occupe est une fonction hautement importante. Donc la communication à ce niveau est purement publique, qui n’a pas de vocation que de donner des informations, mais se doit aussi d’être rassurante et convaincante. »
Pour l’analyste, cette forme de communication consiste à crédibiliser les actions gouvernementales aux yeux de la population et de la communauté internationale. Donc la tenir dans un autre contexte serait un échec. « C’est une communication qui sert à légitimer les actions et les décisions d’une administration, d’un Président, d’un ministre ou d’une institution publique. Donc en gros, il a vraiment raté », ajoute l’enseignant chercheur.
Comment améliorer alors l’image d’un homme public à travers la communication ?
Dans son intervention, M. Souaré rappelle que pour améliorer l’image d’une personnalité publique surtout celle du Premier ministre, il faut avant tout corriger les erreurs du passé. « Ce sont des promesses qui ont manqué. Quand il dit que la Guinée allait dépasser la Côte d’Ivoire en deux ans, c’était sous- estimer un peu l’ampleur de sa promesse et de tout ce que cela impliquait. Là, c’était sa première erreur. Il donne des explications, il accuse la Covid-19, il accuse des crises économiques internationales. Là-bas, c’est un échec. Ensuite, l’autre communication ratée, c’est quand il dit qu’on ne sait pas d’où vient l’ordre de casser des maisons et des boutiques dans les quartiers. Cela ne doit pas sortir de la bouche d’un Premier ministre surtout qu’on parlait de récupération des biens publics. Il devrait trouver une explication plus concrète, et ce n’était pas du tout le moment. S’il était venu parler de politique, c’est de sa stratégie, il fallait se concentrer sur ça. Donc au lieu de faire cela, il s’est créé un autre problème… Dans l’ensemble, il y’a beaucoup à faire sur le plan de la communication dans l’administration. Il faudra agir sur la transparence. Essayer de résoudre ce problème de maisons cassées, par exemple, par la communication et aussi par des actions. Si le Président a dit qu’il y aura des dédommagements, qu’il s’attèle à ce que ces personnes soient dédommagées. Donc qu’il essaie de rectifier le tir, en faisant en sorte que l’enquête soit faite de façon rapide. Il faudra également créer un cadre de communication permettant à la population d’avoir toutes les informations crédibles. Et à chaque décision précise, qu’on essaie de mener des études au lieu de faire des choses à la hâte, afin que la décision soit conforme aux besoins de la population. En allant sur cette base, je pense qu’il pourra améliorer son image et même légitimer ses versions, sinon il risque de faire face à des contestations à chaque fois », conclut Mamadou Aliou Souaré.
Gassime Fofana