L’actualité africaine voire mondiale reste dominée – tragiquement – par la situation actuelle en Libye qui vibre au rythme de la traite des Noirs. Une situation que certains imputent à la destitution du guide Kadhafi et qui donne naissance à un pays sans autorité.
« La meilleure façon de comprendre cette problématique, est de la situer dans le contexte actuel de la Libye, explique Sékou Oumar Magassouba, sociologue. Vous savez suite à l’intervention occidentale contre le régime de Kadhafi et après son décès, on a constaté l’effondrement de l’ensemble des institutions du pays. Donc aujourd’hui la Libye constitue un territoire qui n’a pas d’autorité. Les institutions de la République ne fonctionnent pas, les lois et les valeurs qui les incarnent également n’arrivent pas à concilier la passion des uns et des autres. Ce qui favorise la formation des petits groupes de bandits, de kidnappeurs et autres« . Pour lui, la raison qui fait que le sujet devient préoccupant, c’est bien parce que la Libye sert aujourd’hui de canal entre l’Afrique subsaharienne et l’Occident. « C’est le seul chemin par lequel on peut arriver en Occident sans avoir de visas, sans exiger autant de financement de la part des familles. Donc ceux qui opèrent savent qu’il y a le monde qui vient. Alors ils se disent désormais qu’il y a une entreprise criminelle qui puisse permettre à tout un chacun de se faire de l’argent. Ils se constituent en bandes organisées pour mettre en branle cette pratique qui constitue une atteinte grave à la dignité humaine« , déclare-t-il.
Face à l’urgence, il faudra donc agir en s’attaquant au mal par la racine. « La meilleure des choses aujourd’hui, c’est d’envisager des campagnes de sensibilisation au niveau des Etats afin de dissuader tous les candidats à l’immigration. Pendant ce temps, l’Afrique doit pouvoir s’unir pour faire réapparaître l’autorité en Libye parce que c’est un immense territoire. Donc tant que ce pays restera sans autorité, ça va affecter la sécurité de l’ensemble des pays du Sahel jusqu’en Afrique occidentale. Parce qu’il faut noter qu’il y a des risques de prolifération des armes et de la drogue. Aujourd’hui, le trafic humain a pris un écho particulier. Alors d’un jour à l’autre, la Libye peut devenir un foyer de formation ou de refuge des terroristes. Ce qui pourra alors ébranler la sécurité de toute l’Afrique. Donc pour éviter cela, les chefs d’Etat doivent se réunir à travers des institutions qui appuient l’Afrique pour trouver un remède à ce mal« , propose Sékou Oumar Magassouba.
Gassime Fofana