Une coalition d’ONG congolaises et internationales, dont Global Witness, Rainforest Foundation et Greenpeace, ont appelé l’Agence française de développement (AFD) à rejeter l’un de ses projets, financé par un programme norvégien de lutte contre la déforestation dans les pays tropicaux .Cette coalition estime que ce programme va aggraver la déforestation au lieu de la combattre. Ce que conteste l’AFD.
La coalition de ces ONG est catégorique. Ce programme de l’AFD sur la coupe des bois ne représente pas une méthode salutaire. « Les gouvernements français et norvégien se trompent gravement s’ils pensent qu’ils peuvent sauver une forêt en coupant des arbres », a déclaré Jo Blackman, de Global Witness, dans un communiqué signé par une coalition d’ONG qui dénoncent un projet porté par le fonds CAFI (Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale) et mis en oeuvre par l’AFD.
L’initiative CAFI vise à lutter contre la déforestation et la dégradation des zones forestières en Afrique centrale, qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde avec plus de 240 millions d’hectares, dont 155 millions en RD Congo. Elle rassemble six pays d’Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, RDC, Guinée équatoriale, Gabon et Congo-Brazzaville), des donateurs tels que l’Union européenne, la France, l’Allemagne et la Norvège.
Formalisation de l’exploitation forestière
Le projet en question, financé par CAFI et mis en œuvre par l’AFD, a été retenu par le fond national REDD+ (Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts) de la RD Congo, suite à un appel d’offre publié en novembre dernier. Le CAFI y allouerait le montant de 12 millions de dollars, et l’AFD 4 millions de dollars, selon les chiffres communiqués par les institutions donatrices.
Le programme vise à créer une politique « permettant une gestion durable des ressources forestières », avec un accent mis sur la gestion des concessions communales ou communautaires. L’objectif ? « Développer des modèles qui pourront être réplicables dans le reste du pays », explique Frédérique Willard, chef de projets de la division agriculture, développement rural et Biodiversité à l’AFD.
Moteurs de la déforestation
La coalition d’ONG s’inquiète d’une série de mesures prévues dans le projet, comme la levée du moratoire sur l’allocation de nouvelles concessions forestières industrielles en RD Congo en place depuis 2002 ou des financements pour les entreprises forestières. Des mesures qui ne vont faire qu’aggraver la déforestation, selon ces ONG.
« Il ne faut pas se tromper de combat : le projet que porte l’AFD renforce l’observateur indépendant et la gouvernance locale pour lutter efficacement contre la déforestation », conteste Frédérique Willard, pour qui les mesures critiquées par les ONG ne sont pas le cœur du programme.
Par Jeune Afrique et AFP