Port obligatoire du masque : et si l’État sanctionnait autrement ?

En plus du prolongement de l’état d’urgence jusqu’au 15 mai prochain, le président guinéen, Alpha Condé a, dans une adresse à la Nation, annoncé ce lundi le port obligatoire du masque ou la bavette à partir du samedi. Une taxe dite de désobéissance civile de 30.000 francs guinéens sera imposée à tout citoyen qui ne respectera pas cette mesure. Par contre, certains acteurs sollicitent que le pouvoir sanctionne autrement.

Plus les statistiques de cas confirmés et de suspects s’élèvent, plus le pouvoir en place durcit les mesures pour lutter contre le Coronavirus. C’est ainsi qu’après l’instauration d’un état d’urgence, un couvre-feu de 21h à 05h, le chef de l’Etat vient d’annoncer le port obligatoire du masque ou la bavette pour tous et partout en Guinée. Cette initiative présidentielle vise à mieux lutter contre la pandémie qui continue de paralysie davantage le monde et la Guinée en particulier. Pour faire respecter cette mesure, le Président Alpha Condé a annoncé une taxe de 30.000 gnf contre tout citoyen pris par les services de sécurité sans masque. Mais au regard des réalités économiques que vivent les citoyens du pays, certains acteurs pensent que l’Etat devrait envisager  d’autres sanctions.  »Aujourd’hui , les citoyens vivent de plus en plus dans les mauvaises conditions. Certains ont vu leur revenu réduit à la baisse. Et d’autres ne gagnent même pas 20.000 francs par jour. Donc sanctionner ce peuple par une taxe financière est une manière de créer plus de problèmes, car beaucoup ne pourront pas la payer en tant réel », précise Kerfalla Keita avant de se demander: « et quand ils doivent être détenus, comment ils doivent payer? Ce sont des paramètres, ajoute l’économiste, dont il faut tenir compte avant de mettre en place une sanction surtout quand elle est financière ».
Pour lui, le port obligatoire du masque est une bonne mesure pour lutter contre le Coronavirus, mais le gouvernement doit prendre d’autres dispositions pour faire appliquer cette mesure. « Certes, que chacun doit porter aujourd’hui son masque pour se protéger et protéger son entourage de la maladie. Maintenant, tout citoyen qui n’observe pas cette mesure doit être sanctionné autrement que de lui infliger une taxe financière. Par exemple, les personnes qui seront appréhendées par les autorités sans leurs masques, on peut les soumettre à des services d’intérêt général comme l’assainissement des centres de riposte, des espaces publics. Cela pourrait permettre d’exécuter beaucoup de services publics sans un coût », propose-t-il.
En attendant, il reste à savoir quelle va être  l’orientation de « la taxe » issue de « la désobéissance civile », car plusieurs citoyens estiment que ce ne doit pas être  une aubaine pour d’autres de s’enrichir au grand dam des citoyens.

Gassime Fofana

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