Garanti par la constitution guinéenne en son article 10, le droit à la manifestation pacifique est un acte démocratique. En tout cas, c’est ce qui permet à l’opposition guinéenne d’exprimer ce mercredi son mécontentement face notamment au retard des élections locales en Guinée. Mais dans la Capitale, les citoyens apprécient diversement cette démarche.
Alors que l’opposition dite républicaine bat le pavé ce mercredi, les citoyens portent des messages plus que jamais discordants sur l’opportunité d’une telle initiative. Pour Mohamed Kanté que nous avons croisé au rond-point Cosa, « nous sommes mobilisés ce matin derrière notre leader Cellou Dalein Diallo pour le soutenir dans sa volonté de lutter contre la mauvaise politique gouvernementale du président Alpha Condé» avant d’ajouter que «le pays est sous l’emprise de la dictature et la mal gouvernance. Toutes les activités sont centralisées dans la main du pouvoir en place, les conditions de vie se fragilisent du jour au lendemain, les crises politiques et le chômage sont récurrents. Donc c’est une légitimité de se mobiliser contre ces pratiques qui font mal au pays».
«C’est une perte de temps et faire souffrir à nouveau les citoyens», rétorque Ansoumane Camara, historien de son état. «Certes, c’est un droit constitutionnel, mais les marches en Guinée ont toujours conduit à des pertes en vies humaines ou à des dégâts matériels. Donc l’opposition perd son temps à marcher. Puisque depuis 2012, on enregistre des manifestations politiques des opposants, mais en vain». Pour lui, l’unique moyen reste le dialogue. « Il faudrait que la classe politique, le pouvoir et l’opposition, sache que seule la table peut résoudre leurs différends. Parce que l’histoire en témoigne. La deuxième guerre mondiale notamment a été résolue autour d’une table à travers plusieurs conférences, mais pas dans la rue. Et les acteurs politiques doivent œuvrer dans l’intérêt du pays et penser à la vie des citoyens», propose l’historien.
Gassime Fofana