C’est phase décisive et très attendue dans l’histoire politique et démocratique de la République de Guinée. Cette année 2020, selon la constitution actuelle du pays, est une année qui marque la fin du pouvoir du président Alpha Condé, mais pour l’instant aucune caractéristique d’une possible alternance du pouvoir ne serait à l’horizon. De ce fait, chaque couche politique multiple les stratégies pour se faire entendre avant et pendant cette période. Est-ce le pays va rentrer dans l’histoire démocratique en termes d’alternance politique ou est-ce qu’il va se figer dans l’idée d’une démocratie sans alternance du pouvoir exécutif comme d’antan ? En tout cas, rien ne semble rassurer l’opinion nationale et internationale sur l’avenir politique de la démocratie en Guinée.
D’un côté, le pouvoir porte les numéros des offensifs pour mieux ‘’asseoir sa position’’. Récemment, à travers un discours ‘’ avec beaucoup plus d’éloges et peu clair par rapport à sa position de briguer un autre mandat outre que ceux définis par l’article 27 de l’actuelle constitution ’’ le président Alpha Condé a instruit et donner toutes les autorités à son premier ministre, Kassory Fofana, de procéder à une consultation des concitoyens. Pour lui, il ne lui appartient pas de trancher ou de choisir à la place du peuple avant d’ajouter : « avant toute prise de décision personnelle, j’ai le devoir d’écouter tout le monde. Pour ce faire j’instruis le premier ministre, Chef du gouvernement, d’initier des consultations avec les institutions, les partis politiques et autres afin de recueillir les avis des uns et des autres ».
Même si le premier magistrat en personne tergiverse et ne s’est toujours pas clairement prononcé sur cette question cruciale de faire un autre mandat que ceux déterminés par la constitution de 2010 qui l’a élu, certains politiques et autres concitoyens de la République de Guinée voient en lui une volonté de se pérenniser au pouvoir. Ce qui fait, de l’autre coté, l’opposition très ‘’déchirée et peu organisée’’ aujourd’hui a aussi porté les maillots des défenseurs pour empêcher le chef du pouvoir exécutif de briguer un autre mandat en 2020. Pour y arriver, certaines couches politiques ont procédé à des séries de manifestations dans plusieurs villes du pays et sont obligés parfois d’opter pour le principe : » l’ennemi de mon ennemi peut être mon ami « . Les principaux partis politiques d’opposition du pays, des associations de la société civile et parfois même des syndicats forment en coalition pour inviter Alpha Condé à respecter la constitution mais aussi prendre des mesures pour l’empêcher d’y rester comme ses prédécesseurs. Dans une de ses déclarations, le président de l’Union des forces républicaines, Sidya Touré a exhorté les uns et les autres à se préparer au combat.
En général, plusieurs pays d’Afrique connaissent sans cesse ces manifestations et crises à cause de la difficile alternance au pouvoir. Dans la plupart de ces jeunes Etats, le respect de la Constitution par les dirigeants n’est pas cultivé et les opposants qui se disent démocratiques et qui sont censés faire preuve du respect du nombre de mandats emboîtent plus vite le pas de leurs prédécesseurs. Et pourtant, l’alternance politique est d’une nécessité capitale dans le développement d’une nation. En tout et pour tout, l’on se demande, de quoi 2020 sera fait.
Gassime Fofana