C’est aux environs de 14 heures ce 20 mai que l’aéroport de Conakry a accueilli un vol d’Ethiopian Airlines. Pas comme les autres. A son bord, plus de 200 Chinois venus au pays après « autorisation du président guinéen ». L’objectif serait la construction du chemin de fer Beyla -Boké. Cette décision est pour certaines opinions une bonne chose. Par contre, d’autres sont indignés, que le pouvoir accueille les étrangers alors que le pays est confronté à la Covid-19 et que beaucoup de Guinéens sont bloqués à l’Extérieur. Revue.
En cette période de crise, faut-il privilégier la santé de ses compatriotes ou accentuer ses efforts sur son programme de développement ? C’est une question qui divise aujourd’hui l’opinion nationale guinéenne, surtout que de multiples réalités montrent d’un côté que l’État guinéen a opté pour un sauvetage économique et la mise en oeuvre de sa politique de développement que certains trouvent nécessaire. Et de l’autre, plusieurs Guinéens de par le monde souhaitent rentrer au pays sans une solution pour le moment.
Ainsi depuis l’arrivée hier d’une centaine de Chinois en Guinée, les réseaux sociaux et la cité grondent d’analyses diverses. Selon Mohamed Makhissa Camara, économiste, si les raisons évoquées concernant l’arrivée de ces Chinois (construction du chemin de fer entre Beyla et Boké) s’avèrent, alors c’est une bonne chose. « La machine du développement ne doit pas s’arrêter, même si nous sommes dans un moment de crise. Mais aujourd’hui le pays a besoin de se doter d’infrastructures de transport modernes, qui pourront finalement faciliter l’acheminement des personnes et leurs biens d’un endroit à un autre, sans beaucoup de difficultés comme nous le connaissons aujourd’hui. Donc si cette équipe chinoise est au pays comme on l’a vu aux infos pour construire un chemin de fer, moi personnellement je ne vois pas de problèmes à ce niveau. »
Évidemment, mais le hic pour d’autres est que ces Chinois arrivent à un moment où plusieurs Guinéens vivant à l’étranger ont émis le souhait de rentrer dans leur pays, et que le gouvernement ne semble pas fournir suffisamment d’efforts dans ce sens. « C’est regrettable d’entendre qu’on reçoit des étrangers en Guinée alors que l’heure est plus que jamais à la protection des vies. La vision de tout bon gouvernement est de sauver son peuple de tout danger où qu’il soit. Mais le nôtre préfère sauver l’économie et son fameux plan de développement, en laissant les compatriotes souffrir ici et ailleurs. On a dit que ces Chinois seront soumis à un test et au confinement, mais qu’est-ce qui empêche de faire cela aussi pour nos frères et soeurs une fois à l’aéroport de Conakry? », sinterroge pour sa part Ansoumane Condé, sociologue.
Gassime Fofana