Toujours classée parmi les pays les moins avancés, la Guinée enregistre un niveau de vie sociale et économique très difficile voire instable. Un défi que veut pourtant relever le gouvernement en un quinquennat. » D’ici à 5 ans, il n’y aura plus de pauvres absolus en Guinée « . C’est en tout cas ce que prétend le chef du gouvernement, Kassory Fofana en visite à Kankan. Est-ce possible ? ou ce sont de simples propos politiques ?
Dans ses analyses, l’économiste Kerfalla KEITA, estime que du point du vue de la politique économique et du paysage social de la Guinée, ce sera impossible d’y parvenir en cinq ans. « D’abord la pauvreté absolue se traduit par le faible niveau de revenus qui ne permet pas de satisfaire les besoins vitaux comme la santé, la nourriture, le logement ou l’habillement. Alors dire qu’en 5 ans, il n’y aura plus ça en Guinée, économiquement et techniquement, ce sera difficile. Parce que la pauvreté est, en Guinée, un phénomène multi sectoriel ou pluridimensionnel, dont la lutte doit tenir compte de tous les paramètres de la vie. Or, il y a d’énormes barrières qui empêchent les pauvres de subvenir à leurs besoins. Et dans notre pays, ces entraves existent en abondance. Il s’agit des difficultés liées à l’accès au crédit, aux services et aux ressources nationales, qui devraient permettre aux citoyens de faire face aux difficultés de la vie. En plus, il n’y a pas une interrelation entre les exploitations et les marchés nationaux ainsi que le système alimentaire. Dans notre pays, l’esprit d’entreprise et l’aptitude professionnelle ne sont pas de coutume, le système de protection n’est pas généralisé, les institutions nationales et rurales ne participent pas conséquemment au processus de développement », explique-t-il.
En outre, pour l’économiste, les inégalités socioéconomiques s’accentuent de jour en jour car, justifie-t-il, l’accès aux services de base n’est pas équitable pour tous. En plus, les secteurs primaire et secondaire, sources d’emplois et de revenus adéquats sont faibles à cause de la mauvaise politique sectorielle de l’économie dans le pays. L’écrasante majorité de la population s’est tournée vers le secteur tertiaire , qui a une faible valeur ajoutée.
Pour terminer, Kerfalla KEITA estime que le gouvernement, en l’état actuel, ne peut pas parvenir à ce résultat en cinq ans mais peut tout de même contribuer à réduire la proportion de pauvres absolus dans le pays.
Gassime Fofana