Depuis quelques jours, le Président Alpha Condé procède à la nomination des ministres du premier gouvernement de la quatrième République. En plus de la confirmation jusqu’ici à presque tous les postes, du pouvoir discrétionnaire dont il dispose et de la non obligation de publier en une seule fois la liste des ministres, l’opinion publique est néanmoins surprise de constater – et fait rare – que les noms sont rendus publics au compte-gouttes. Ce qui suscite des commentaires dans la cité. « Le Président de la République est confronté à ses propres ambitions et promesses. Puisque si on refait une lecture de son discours d’investiture, on se rend compte essentiellement que Professeur Alpha Condé souhaite gérer la Guinée autrement. Cela, en mettant l’accent sur les axes prioritaires de lutte contre la pauvreté et les pratiques qui nuisent au développement du pays. Mais de l’autre côté, il pourrait être sous l’influence et la contrainte de sa promesse envers ces hommes qui l’ont aidé dans la quête de ce troisième mandat, estime Ansoumane Condé. Et la plupart de ces hommes, ajoute le sociologue, auraient une soif de loup pour être nommés. Et où ? À des postes stratégiques. Donc c’est ce qui pourrait, à mon avis expliquer, cette nomination au compte-gouttes. »
Le défi : mettre l’Homme à la place qu’il mérite !
Alors que beaucoup de Guinéens estiment que Gouverner autrement, passe nécessairement par la refondation de tout le système et par la sélection des cadres compétents et intègres, notre interlocuteur explique que tout choix qui ne repose pas sur ces critères serait voué à l’échec. « Si cette volonté de Gouverner autrement était bien réelle, il faudrait, en pratique, commencer par assainir l’administration publique et la débarrasser de tous ceux qui pourraient constituer un obstacle à l’accomplissement des efforts de développement prônés par le Chef de l’état. Ce qui revient à choisir les hommes non pas pour les récompenser à cause de leur lutte politique mais parce qu’ils peuvent contribuer efficacement à faire évoluer et concrétiser les ambitions de progrès de notre pays. C’est-à-dire que si on construit le gouvernement sur la base des récompenses des uns et des autres, le grand risque serait la nomination des personnes non qualifiées et non engagées pour le pays mais plutôt engagées pour servir leur propre cause. Ce qui nuirait aux efforts de développement. »
Gassime Fofana