Le journaliste franco-sénégalais de France 24 est décédé brutalement le 26 mai, en Sicile, alors qu’il couvrait le G7. Il avait 59 ans.
« C’était un grand », disent tous les journalistes africains et européens qui l’ont connu. Jean-Karim Fall, journaliste et rédacteur en chef à France 24, était un reporter exceptionnel et il est mort en reportage. Il est décédé brutalement dans sa chambre d’hôtel, le 26 mai, lors du sommet du G7 à Taormina en Sicile.
Né en mars 1958 d’un père sénégalais et d’une mère française, « JKF », comme l’appelaient ses collègues, est un diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, qui a tout de suite choisi de suivre l’actualité africaine.
Grand reporter à Radio France Internationale (RFI), il a couvert aussi bien la visite mouvementée de François Mitterrand chez Thomas Sankara, en novembre 1986, que la mise à sac de Kinshasa par la soldatesque de Mobutu, en septembre 1991, ou la guerre civile au Liberia dans les années 1990.
Très fin connaisseur de l’Afrique et de ses décideurs
Le 7 décembre 1993, alors qu’il est correspondant de RFI à Abidjan, il est le premier à annoncer au monde la mort de Félix Houphouët-Boigny. Reporter tout terrain, Jean-Karim Fall n’était pas une tête brûlée. De par son père, l’ancien ministre et ambassadeur sénégalais Abdel Kader Pierre Fall, il avait appris l’art de la diplomatie et de la « palabre » avec les soldats ou les rebelles de tous poils et réussissait ainsi à se sortir des situations les plus difficiles.
Chef du service Afrique de RFI à partir de 1996, Jean-Karim Fall, par son professionnalisme, a beaucoup contribué au développement de la « radio mondiale » sur le continent africain. Depuis 2012, il était passé à France 24, où il était à la fois rédacteur en chef, interviewer et chroniqueur. Toujours affable avec ses interlocuteurs, il savait les mettre en confiance.
Ainsi en avril dernier à Paris, le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, lui avait confié sur France 24 qu’il avait gentiment reproché à Idriss Déby Itno d’avoir accueilli Marine Le Pen à N’Djamena. Parce qu’il était autant sénégalais que français, il acceptait de commenter l’actualité de tous les pays… sauf celle de son Sénégal bien aimé. Un grand est parti.
Jeune Afrique