Mali : quels scénarios de sortie de crise ?

La crise au Mali est avant tout une crise multidimensionnelle. En 2012, suite au coup d’État perpétré contre le Président Amadou Toumany Touré, considéré alors, à tort ou à raison, comme « complice » des terroristes qui sévissent au nord, les Maliens étaient à la recherche d’un Président qui incarnerait la droiture, la détermination et la bonne gouvernance. C’est ainsi que l’Imam Mahmoud Dicko arrive à fédérer plus de deux cent associations en vue de battre campagne et d’assurer un vote massif en faveur d’IBK. A l’époque, ce dernier avait une réputation de fermeté et de travailleur. C’est ainsi qu’il accède à la magistrature suprême en 2013. A la surprise de tous, le nouveau Président est confronté aux dures réalités de la gestion d’un Etat en proie au terrorisme et dont l’économie est chancellante. Ibrahim Boubacar Kéita n’arrive pas à résoudre sinon à contenir la crise sécuritaire qui s’étend du nord au centre. S’ajoute à cela le maigre bilan sur le front de la lutte contre la corruption qui mine le pays depuis plusieurs décennies. Sur fond de critiques, il parvient quand même à obtenir un second mandat en 2018. Mais au regard de nombreuses crises et de l’incapacité de l’exécutif à y faire face, l’opposition politique avec, à sa tête l’Imam Mahmoud Dicko, accentue la pression, réclame des réformes plus audacieuses. Ce qui passe, selon eux, par la dissolution du parlement, le limogeage du premier ministre et pour d’autres par la démission pure et simple du Chef de l’État.

D’un point de vue juridique, ils ne peuvent pas contraindre le Président à la démission. Mais pour mettre fin à cette crise, il faudrait que les deux parties fassent des concessions. IBK pourrait accepter, contre sa démission, la nomination d’un premier ministre doté de pleins pouvoirs. Un chef du gouvernement qui aura la main libre pour restaurer l’autorité de l’Etat et retablir une relation de confiance avec le peuple .

S’agissant de la menace sur l’integrité territoriale, alors que certains exigent l’indépendance et que le pouvoir prône l’unité de la Nation, il faudrait aller vers une décentralisation approfondie en octroyant une large autonomie à la zone septentrionale où les Touaregs sont majoritaires. Le mieux pour tous les deux camps serait une ddécentralisation poussée qui donnerait aux populations locales la marge de manoeuvre pour s’administrer librement, par des autorités choisies par elles-mêmes. Un exécutif local mais aussi un parlement local. Toute fois, les questions qui relèveront de la souverainété seront toujours tranchées par le Pouvoir central et cela, conformement aux accords d’Alger.

Par ailleurs, le peuple malien doit accepter la continuité pour permettre au Président de la République de terminer son second mandat dans un contexte marqué par la fragilité de L’Etat Malien… Etant donné qu’un Premier ministre, à qui le President de la République  aura confié de larges prérogatives pour porter certaines missions essentielles du Pouvoir exécutif, existe.
En plus, l’armée doit se mettre à l’écart du monde politique en s’engageant résolument dans la sécurisation et la protection du  peuple contre les groupes terroristes. Car ce phénomène devient de plus en plus inquétant pour le Mali et pour ses voisins.

Alhassane Camara,  Juriste.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *