Les chefs d’Etats des 5 pays membres du G5 Sahel (Burkina, Mali, Niger, Mauritanie et Tchad) vont bientôt se retrouver à Bamako au Mali, qui assure la présidence en exercice de l’organisation, pour donner suite à leur décision prise il y a quelques mois, de mettre en place une force mixte régionale comme réponse militaire aux activités des groupes jihadistes et bandes criminelles qui opèrent dans la sous-région principalement à partir du foyer malien. La mise en œuvre de cette force qui a reçu l’aval de la CEDEAO, de l’Union Africaine ainsi que dernièrement de l’Union européenne (UE) a tardé à se concrétiser mais désormais, les choses semblent s’accélérer.
Le 2 juillet prochain se tiendra dans la capitale malienne un sommet spécial des chefs d’Etats du G5 Sahel, une rencontre à laquelle le président français Emmanuel Macron est attendu. C’est ce qui ressort en effet des déclarations faites par les chefs de la diplomatie des 5 pays du G5 qui viennent de tenir, du 5 au 6 juin, la session ordinaire du conseil des ministres de l’organisation, en prélude au sommet de juillet prochain.
Bourbier malien
En moins de 100 jours, la période traditionnelle de grâce présidentielle, le nouveau locataire de l’Elysée va donc se rendre à deux reprises en Afrique et notamment au Mali. Ce qui semble assez logique au vue de l’engagement militaire français dans le Sahel à travers notamment la force Barkhane dans laquelle plus de 4.000 soldats sont engagés dans la lutte contre le terrorisme, principale menace à la sécurité des pays de la sous-région. En dépit des efforts des armées locales et celles de la MINUSMA, les casques bleus de l’ONU, ainsi que de la force Barkhane, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader avec la multiplication des attaques terroristes principalement dans la zone frontalière Mali-Niger-Burkina où les groupes terroristes sont entrain de reprendre du terrain.
C’est ce qui a poussé les chefs d’Etat de la région à accélérer le processus d’opérationnalisation de la force conjointe qui viendra ainsi relayer Barkhane, laquelle commence à s’enliser dans ce que les analystes appellent déjà « le bourbier malien ».
Ces enjeux expliquent en grande partie le soudain regain d’intérêt de la France pour la mise en place de cette force alors que les pays européens et les autres partenaires appelés à la rescousse ne semblent pas se bousculer au portillon même si dernièrement, l’UE a apporté une contribution financière de 50 millions d’euro pour appuyer le processus.
La France, porte-voix du G5 à l’ONU
La France vient d’ailleurs d’annoncer avoir déposé, ce mardi, une demande d’une nouvelle résolution au Conseil de sécurité afin qu’il puisse donner enfin son feu vert pour cette force régionale qui sera composé de près de 10.000 soldats selon les dernières déclarations des ministres du G5.
Selon les détails donnés par l’ambassadeur de France à l’ONU, le projet de résolution vise à permettre à la force conjointe du G5 Sahel, dont l’état-major sera installé au Mali, «d’utiliser tous les moyens nécessaires pour combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes ».
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, invité du dernier sommet du G7 en Italie a déjà plaidé la cause des pays sahéliens auprès des grandes puissances membres du conseil de sécurité, lesquels se seraient engagés à répondre favorablement à cette requête régionale. En plus du feu vert, il est également attendu de l’ONU un appui financier au vu du coût que nécessitera cette opération mixte. Le vote à l’ONU devrait intervenir d’ici quelques jours selon le souhait exprimé par la diplomatie française mais également par les pays du G5, ce qui leur permettra de donner corps aux décisions déjà validées pour l’activation dès la force, dès le sommet du 2 juillet prochain de Bamako.
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