À peine réélu ce week-end par 59.50 % des voix, le Président Alpha Condé affiche encore une fois sa volonté de combattre « les fossoyeurs » de l’économie guinéenne et de faire profiter les richesses du pays aux Guinéens. « Que ce soient les cadres de la mouvance ou de l’opposition, les contrôles vont commencer bientôt sur tous ceux qui ont construit de grandes villas, on va enquêter pour savoir comment ils les ont construites. Est-ce avec leur salaire ou un prêt bancaire ? », a déclaré Alpha Condé avant d’insister que l’impunité, le copinage, le népotisme sont finis ainsi que les détournements des biens de l’Etat.
Cette vision politique est saluée par des analystes qui estiment néanmoins qu’il faut aller au-delà de simples affirmations. « Le problème de la Guinée est un problème de système. Depuis 1985 jusqu’à nos jours c’est le même système qui continue. Il se résume par des détournements, l’injustice, les gaspillages financiers, la promotion de la médiocrité mais aussi l’inégalité sociale et économique. Donc si maintenant il y a une nouvelle République qui s’engage à débarrasser ce pays des pratiques qui le rendent malade, je pense que ce serait une bonne chose. Mais il ne faut pas que cela soit de simples volontés. Il faut les matérialiser par des actions concrètes pour pouvoir débarrasser la Guinée des problèmes politiques et économiques », explique Mohamed Fofana, spécialiste en Finances.
Selon lui, pour y arriver, il faut créer des possibilités de vie. « La racine de la mal gouvernance et de l’impunité ainsi que d’autres pratiques nuisibles au développement ne peut être coupée brusquement. Il faut que le pouvoir cherche d’abord à créer des conditions nécessaires au progrès de l’indice du développement humain, à l’amélioration des conditions de vie et de travail et repartir équitablement les biens du pays. Ensuite il faut mettre en place une institution qui, par ses fonctions, pourra mener des enquêtes sur la gouvernance en Guinée. Enfin le Chef de l’Etat ainsi que son gouvernement doivent faire preuve d’exemples dans cette démarche qui ne doit épargner personne. Il faut de ce fait, réformer l’appareil judiciaire et le rendre plus indépendant, à l’abri du pouvoir exécutif et de l’administration », propose-t-il.
Gassime Fofana