Pour contenir et éradiquer la pandémie de Covid-19, le gouvernement guinéen a initié un certain nombre de mesures notamment l’état d’urgence avec, à la clé, l’interdiction ou la restriction des déplacements entre Conakry et l’intérieur du pays. Une disposition qui affecte aujourd’hui les modes de vie et provoque également des troubles sociaux, surtout que le pouvoir n’a pas pu formuler les moyens pour accompagner pendant cette période de crise sanitaire. Les cas des manifestations à Coyah pour dénoncer les tracasseries liées aux barrages de contrôle sont illustratifs. Alors la question qui se pose, est celle de savoir s’il faut suspendre ou alléger certaines mesures pour faciliter la vie des citoyens ?
Pour le sociologue Ansoumane Condé, « aujourd’hui, le pays enregistre plus de 2000 cas et près de 20 morts de Covid-19. Donc l’évolution de ces chiffres témoigne que les mesures décrétées comme l’interdiction de voyager ou autres seraient sans effet. Je pense que ce serait inutile de pénaliser davantage les citoyens en les privant de certains droits et libertés pour des mesures qui ne répondent pas à notre attente. Puisque, je l’ai toujours dit, les décisions mises en place par les autorités ne pourraient produire de résultats tant que les mesures d’accompagnement ne suivent pas car, les gens se déplaceront toujours pour satisfaire leurs besoins vitaux ».
Une position que d’autres ne partagent pas. Pour eux, ces mesures ont permis de maîtriser la propagation en masse de la pandémie en Guinée. C’est le cas de l’économiste Kerfalla Kéita. « Si le gouvernement a décrété ces mesures c’est bien dans l’intérêt de tous mais surtout pour lutter efficacement contre la propagation du coronavirus, en vue de protéger la santé de la population et de permettre une reprise effective de la vie sociale et économique. Et c’est ce qui a même permis d’ailleurs de minimiser les risques et les impacts de cette pandémie dans le pays. Mais si on suspend les restrictions sur la liberté d’aller et de venir, le risque de contamination pourrait être plus élevé que ce que nous connaissons en ce moment. Parce que ce qui se passe maintenant n’est pas un problème de mesure, mais évidemment un problème de comportement des citoyens devant ces mesures », fait-il remarquer.
Gassime Fofana