Dans le temps et dans l’espace, les hommes ont eu recours au dialogue et en ont apprécié l’efficacité dans le règlement des conflits même les plus incandescents tels que les deux dernières guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945). On se souvient que ces déflagrations ont entrainé des millions de morts (femmes, hommes, enfants), sur tous les continents et la destruction d’immenses biens matériels et immatériels du patrimoine de l’humanité. En dépit de ces atrocités et ces destructions, les antagonistes ont toujours fini par se retrouver pour dialoguer et aboutir à une solution consensuelle porteuse de paix et facteur de stabilité et de développement. A deux reprises, en 1918 et 1945, Français et Allemands, sous les auspices de leurs différents alliés, ont signé un armistice respectivement à Rethondes et à Reims, pour mettre fin à la guerre qui les opposait. Pour être atroce, la guerre d’Algérie l’a été. Ce qui n’a pas empêché Français et Algériens de se rencontrer plusieurs fois en terrain neutre, pour discuter alors que les combats faisaient rage dans les djebels. Et ils ont fini par s’entendre ! Plus proche de nous, le cas de la Côte d’Ivoire est un bel exemple. Une pénible guerre fratricide, longue de 10 ans, a entrainé la partition du pays et semé la haine en chaque Ivoirien. Mais beaucoup d’Ivoiriens paraissent avoir déjà tout pardonné, peut-être sans avoir rien oublié. Aujourd’hui en cette période transitoire qui postule de profondes réformes institutionnelles dont la refondation de l’Etat, les Guinéens devraient se souvenir de tous ces faits historiques qui, du reste, les interpellent. Les acteurs politiques et sociaux ne devraient avoir qu’un seul Idéal : le Nirvana du Guinéen. Un choix qui exclut toute velléité d’intransigeance, de surenchère au profit d’une large ouverture d’esprit, d’une inclination pour le compromis et le consensus. La dynamique itérative du dialogue inter- guinéen inclusif, initiée par le Président de la Transition et conduite par le Premier Ministre, Chef du gouvernement doit s’inscrire dans cette perspective. « La Guinée, d’abord ».
Abraham K DORE