Je me permets tout d’abord de dégager la nuance entre la liberté d’expression, les injures, les propos haineux et la diffamation.
A- La Liberté d’expression
– Droit de s’exprimer librement sur ses opinions, ses idées et ses pensées.
– Protège la liberté de communiquer des informations, des idées et des opinions sans crainte de représailles.
– Peut inclure la critique constructive, le débat et la discussion.
B- Injures
– Acte de proférer des paroles ou des écrits qui visent à offenser, à humilier ou à dénigrer une personne ou un groupe.
– Peuvent être considérées comme une atteinte à la dignité, à l’honneur ou à la réputation d’une personne.
C- Propos haineux
– Paroles ou écrits qui visent à inciter à la haine, à la violence ou à la discrimination envers une personne ou un groupe en raison de caractéristiques telles que la race, l’origine ethnique, la religion, le sexe, l’orientation sexuelle, etc.
– Peuvent être considérés comme une forme de discours qui cherche à déshumaniser ou à marginaliser certaines personnes ou groupes.
D- Diffamation
– Action de répandre des informations fausses ou trompeuses sur une personne ou une organisation, qui peuvent nuire à leur réputation ou à leur crédibilité.
– Peut être considérée comme une atteinte à la réputation ou à l’honneur d’une personne.
– Peut être intentionnelle ou non. Mais la plupart des lois sur la diffamation exigent que la personne qui diffuse les informations ait agi avec négligence ou avec l’intention de nuire.
En résumé,
– La liberté d’expression protège la liberté de s’exprimer. – Les injures sont des paroles ou des écrits qui visent à offenser ou à humilier. – Les propos haineux visent à inciter à la haine ou à la violence. – La diffamation consiste à répandre des informations fausses ou trompeuses qui peuvent nuire à la réputation d’une personne.
Il est important de noter que ces concepts peuvent se chevaucher et que les lois et les réglementations peuvent varier en fonction des pays et des contextes.
À la question de savoir : la liberté d’expression est-elle un droit absolu ?
Je dirai Non. La liberté d’expression n’est pas un droit absolu. Bien qu’elle soit un droit fondamental, reconnu à la fois au niveau national et international, elle connaît des limites dans le but de protéger l’ordre public, la sécurité nationale, la réputation d’autrui, la moralité, ou encore pour prévenir les discours de haine, l’incitation à la violence ou la discrimination.
Garanties de la protection de la liberté d’expression
- Au niveau international
– Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (art. 19) : toute personne a droit à la liberté d’opinion et d’expression.
– Pacte international relatif aux droits civils et politiques (art. 19) : reconnaît le droit, mais précise aussi les restrictions possibles.
– Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (art. 9).
- Au niveau national (Guinée, par exemple)
La charte de la Transition et le projet de nouvelle Constitution (préambule) : garantissent la liberté d’expression et de la presse. Et encadrent les médias, tout en posant certaines restrictions.
Ce droit revêt un intérêt essentiel dans la consolidation de la paix.
Intérêt de la liberté d’expression pour un État pacifique et juste
– Renforcement de la démocratie : permet un débat public ouvert et transparent.
– Réduction des tensions : en offrant un espace légal d’expression, elle évite la violence ou les révoltes.
– Responsabilisation des autorités : les citoyens peuvent critiquer et dénoncer les abus.
– Inclusion sociale : toutes les voix peuvent être entendues, y compris celles des minorités.
– Enfin, la liberté d’expression est un pilier essentiel des droits de l’Homme, mais elle doit être exercée dans le respect des lois et des droits d’autrui. Son bon encadrement contribue fortement à la paix, à la justice et à la cohésion sociale dans un État.
Alhassane Camara, juriste, vice-président du MOUVEMENT SOGUÉ NÈNÈ
