Depuis trois ans, le cours du baril de Brent a été divisé par trois. Cette chute représente un défi considérable pour de nombreux pays producteurs de pétrole de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC). La République du Congo ne fait pas exception. La baisse des revenus de l’or noir a entraîné le ralentissement des activités dans tous les autres secteurs tant la dépendance aux activités pétrolières est grande. Tensions de trésorerie, accroissement du chômage, baisse du pouvoir d’achat, dégradation des services sociaux… ce sont autant de problèmes structurels auxquels nous risquons de faire face, auquel en réalité nous sommes déjà confrontés. Et malheureusement, il ne faut pas s’attendre à une amélioration à court terme.
Dans son rapport annuel publié fin 2015, l’Agence internationale de l’énergie prévient qu’un scénario avec un baril entre 50 et 60 dollars jusque dans les années 2020 est tout à fait envisageable. En attendant, les conséquences pour les pays pétroliers en Afrique centrale peuvent être dramatiques.
Malgré ce tableau anxiogène, je suis persuadé que la crise actuelle est une chance pour la zone CEMAC et le Congo en particulier. Cette crise doit nous servir d’avertissement. Elle met à nu une vérité : nous devons diversifier nos économies rapidement et durablement.
Au-delà du pétrole, l’Afrique centrale n’a pas su tirer profit de ses nombreux atouts et n’a pas fait preuve d’audace pour investir dans son futur lequel se trouve, de façon évidente, dans le développement de secteurs d’avenir comme ceux de l’économie verte – fondé sur les activités liées à la transition écologique – et maritime. Dans cet avenir, la jeunesse doit également prendre ses responsabilités et s’approprier la responsabilité de conduire le changement.
Avec une prise de conscience écologique, l’Afrique centrale peut offrir une vision novatrice. Le caractère exceptionnel de l’environnement du bassin du Congo permettrait aux pays d’Afrique centrale, le Congo en tête, de créer un modèle de croissance basé sur des activités vertes et intarissables. Du parc d’Odzala-Kokoua à la réserve communautaire du lac Télé en passant par le majestueux fleuve Congo, nous disposons d’atouts inestimables pour créer de la valeur dans des domaines aussi variés que les énergies renouvelables et l’écotourisme. À nous d’être créatifs pour capitaliser sur ces avantages précieux.
Il ne faut pas non plus négliger le potentiel quasi infini du littoral africain. The Institute for Security Studies estimait en 2016 que l’économie maritime africaine pouvait générer plus 1 000 milliards USD par an. Il est crucial que nous parvenions à valoriser nos côtes. Nous ne pouvons plus destiner la façade maritime à la seule activité portuaire. Développer les chaines de valeurs allant de l’industrie de la pêche à celle des loisirs, former les compétences et construire les réseaux d’infrastructures adéquates pour intégrer l’hinterland : Ce sont autant de défis actuels pour créer notre économie de demain.
Autre avantage de taille, les pays de la zone CEMAC et plus particulièrement le Congo bénéficient d’une position géographique favorable. 70% de l’ensemble de la population africaine se trouve à moins de quatre heure de vol de Brazzaville. En renforçant notre attractivité et en accueillant les différents investisseurs, notamment africains, nous parviendrons à créer un modèle de développement inclusif. L’objectif affiché doit être ambitieux : faire du Congo et de la région un territoire attractif qui offre des opportunités à tous les acteurs.
Dans cette mutation, la jeunesse doit prendre ses responsabilités et trouver de nouveaux sentiers, de nouveaux relais de croissance. Dans un pays comme le Congo où près de 60% de la population a moins de 24 ans, cette jeunesse représente un capital humain d’une grande valeur. De nombreux jeunes démontrent déjà qu’ils ont la capacité d’innovation dans des secteurs à fort potentiel. Au Congo, Loïc Mackosso et Vérone Mankou excellent et dépoussièrent respectivement les métiers de la finance et des médias.
Au Cameroun, Olivier Madiba a lancé un jeu vidéo à succès dont l’imaginaire est ancré dans la tradition. Depuis Douala, Diane Audrey Ngako œuvre pour le changement de l’image du contient. Elle contribue ainsi à faire de l’Afrique une destination de choix, ce qui développera l’industrie du tourisme. Chacun à leur manière, ces jeunes réconcilient la modernité et la tradition pour créer l’Afrique de demain. Ils ont su s’affranchir des difficultés pour réaliser pleinement leur potentiel dans des secteurs d’avenir à très forte valeur ajoutée. Ces exceptions doivent devenir la règle !
Nous traversons une période orageuse qui ne doit pas nous tétaniser. Au contraire, nous devons transformer les éléments en source d’énergie pour aller de l’avant. L’occasion est historique, à nous de la saisir.