Finalement, le voile s’est levé. Le suspens et les rumeurs se sont tus. Le Chef de l’Etat, Alpha Condé a reconduit Ibrahima Kassory Fofana au poste de premier ministre, chef du gouvernement. Une nomination, qui pour certains analystes, n’a rien de surprenant. Ils estiment néanmoins que Kassory Fofana doit s’inscrire dans une nouvelle dynamique et une nouvelle posture politique afin que le pays puisse se cimenter socialement et décoller économiquement. « Je pense que ça n’a pas été une surprise, d’autant plus que ces derniers temps, nous avons constaté l’implication de Kassory Fofana aux côtés du Président pour non seulement la stabilité sociale et politique du pays, mais aussi dans le cadre du développement socio-économique à travers le lancement de plusieurs infrastructures, explique Kabinet Komara. Et donc, poursuit l’ancien Premier ministre, la présence de Kassory Fofana a commencé par les premières fonctions qu’il a occupées en tant que chargé des grands projets et investissements à la Présidence de la République jusqu’à son arrivée à la Primature. Il y a pratiquement quelques années, nous avons constaté de plus en plus un rapprochement entre les deux hommes, si vous voulez, une certaine confiance qui se tissait de jour en jour entre eux, malgré la volonté du Président de la République qui dit vouloir Gouverner autrement dans cette quatrième République. »
La lutte contre la corruption et les détournements, ligne de mire du combat
En Guinée, même si les chiffres officiels n’existent pas sur la pratique, la corruption s’érige dans les sphères de l’administration et les détournements de deniers publics sont souvent pointés du doigt. A ce niveau, l’ancien premier ministre explique que le futur gouvernement aura tout à gagner en s’investissant et en sévissant contre ces phénomènes et leurs instigateurs. « Il est vrai qu’à un moment donné Kassory Fofana s’était impliqué et a engagé une dynamique de lutte contre la corruption dans la sphère de l’administration. Nous avons vu certes certains responsables des régies financières de l’Etat, qui ont été interpellés par la justice, jugés et condamnés pour des faits de détournement. Par contre, il y a eu beaucoup d’autres cas de détournements qui n’ont pas fait l’objet d’enquêtes encore moins de jugement et de condamnation. Et à ce niveau, nous savons que la corruption est un facteur qui freine le développement socio-économique, surtout dans les pays sous-développés. Parce que dans les pays du sud comme le nôtre, il se trouve que les fonds nécessaires pour financer le développement proviennent des ressources internes et des milieux externes , c’est-à-dire des pays partenaires ou des institutions financières internationales. Donc si le pays n’a pas un mécanisme de gestion financière efficace et transparente , il se trouve que ces institutions ne mettent pas assez de financement dans le développement. Or la seule façon de rassurer ces partenaires, c’est de faire en sorte que la corruption soit combattue à tous les niveaux de la sphère de l’Etat. Que les ressources publiques destinées au développement du pays soient utilisées rationnellement et que le citoyen lambda soit informé à travers la presse. Il faudrait que l’information publique puisse circuler et que les couches les plus défavorisées, comme les femmes, les jeunes et les enfants, soient privilégiées. Ils doivent sentir une certaine volonté de les aider à sortir de l’ornière. Il faudrait que la question de santé, la question de l’éducation soient traitées avec une grande priorité jusqu’au niveau de la base. Parce que c’est dommage qu’en Guinée contrairement aux autres pays, tout l’élan, toute la prospérité du développement et l’engagement du gouvernement se limitent à la capitale et aux grandes régions. Alors qu’une fois dans certains villages ou préfectures, vous constaterez à visage découvert la pauvreté s’afficher à tous les niveaux. Donc je pense que le premier ministre, même si c’est la même personne, doit avoir de nouvelles idées, des nouvelles actions et un nouvel engagement pour changer les anciennes pratiques et faire en sorte que l’équipe gouvernementale qui sera mise en place dans les jours qui suivent soit une équipe restreinte, efficace et dévouée au développement socio-économique du pays. Il faudrait qu’au bout de quelques mois le Guinéen soit rassuré qu’effectivement l’engagement du Président à gouverner autrement se traduit dans les activités qui touchent tout le monde et à tous les niveaux », conclut-il.
Gassime Fofana