On l’attendait comme le messie et le voilà enfin. IKF est nommé Premier Ministre, Chef du Gouvernement par le PRAC le lundi 21 mai 2018. Après moult tractations et négociations avec ses proches collaborateurs, le choix du Koro National s’est porté sur DON KASS. L’homme n’est ni un novice, ni un inconnu. Il a longtemps travaillé pour la Guinée avant son exil américain. (Par Hamidou BAH, Chargé de la commande publique, Consultant international, Spécialiste en Géopolitique)
Adulé par les uns, décrié par les autres, DON KASS est un homme qui fait malgré tout l’unanimité dans son domaine de compétence et dans sa propension à préféré le talent et les compétences au clientélisme, à l’ethnocentrisme ou au régionalisme. Force est de constater que dans son ex-parti politique GPT (Guinée Pour Tous) (qu’il a noyé au sein du RPG arc-en-ciel) toutes les composantes ethniques du pays y sont représentées. Les personnes qui ont pratiqué l’homme décrivent un monsieur qui privilégie la compétence au détriment de l’amateurisme.
La fin justifie les moyens disait Nicolas MACHIAVEL. Et à titre personnel, j’ai une admiration énorme pour les personnes qui se fixent des objectifs et qui font tout pour les atteindre. DON KASS a usé de tous les subterfuges pour atteindre le presque sommet … La primature. Qu’il s’agisse de créer un parti politique, de s’éloigner de la mouvance, de revenir au sein de la mouvance jusqu’à gagner la confiance du KORO NATIONAL et damer le pion à tous les dinosaures qui rodent à SEKHOUTOUREYAH, pressentis pour occuper le Palais de la colombe (Kalil KABA, Mohamed DIANE, Sidya TOURE, Ousmane BAH…). Il a su être un renard et un lapin pour contenter les uns et envier les autres et cérise sur le gâteau, à la veille de sa nomination, il sacrifie son parti politique qui, selon les observateurs de la politique guinéenne, n’avait aucune chance de le porter à la tête du pays. Il a déclaré à ce sujet au siège du RPG : « je renonce à présider aux destinées du pays au profit du président CONDE ». Une façon de caresser dans le sens des poils et ainsi réaffirmer son allégeance et sa fidélité non seulement aux militants du RPG mais aussi au KORO.
Kassory, jadis adulé au-délà des frontières guinéennes !
Il a usé de ses relations et de ses connaissances en Economie pour convaincre de nombreux investisseurs à s’implanter en Guinée. Il a aussi négocié avec le PRAC les promesses de financement chinois de 20 milliards et du PNDS à Paris. Il fait partie du contingent de cadres ayant rédigé le document de stratégie de réduction de la pauvreté (D.S.R.P). Cadre intègre et compétent surtout en matière de macroéconomie, Olivier BAIN écrivait à propos de lui dans le monde diplomatique en 1997 : « Le jeune ministre de l’Economie et des Finances, Ibrahima Kassory Fofana, a le regard fixé sur le budget général de l’Etat et sur le strict respect des grands équilibres macro-économiques intérieurs et extérieurs. Il veille scrupuleusement à l’orthodoxie financière. Une centaine de cadres de la Haute Administration viennent d’être mis en état d’arrestation pour diverses malversations financières. Signe que la lutte contre la corruption sera poursuivie fermement en cette année électorale (élection présidentielle prévue pour Décembre 1998), alors que l’on s’attendait, en de pareilles circonstances, à plus de laxisme de la part du gouvernement. C’est le premier train de réformes engagé en Janvier 1986 avec l’option en faveur du libéralisme qui a permis de relancer la machine économique. Cette année-là, le PIB s’établit à 4.6% : ce n’est pas mal : compte tenu d’une croissance démographique de l’ordre de 3% par an, ce qui dégage une nette amélioration du revenu par tête. Mais à ce rythme, il faudrait 50 à 60 ans pour sortir du sous-développement. C’est pourquoi le gouvernement planifie le Forum des investisseurs pour la fin Mai 1998 et la réunion du groupe consultatif pour Juin 1998. Ces deux événements permettent de prévoir un taux de croissance économique de l’ordre de 6% en 2000 et de 8% après 2005. Le chemin à parcourir est encore long : en effet, le revenu par tête n’est que de 570 dollars en 1997, 40% de la population se trouve en dessous du seuil de pauvreté et l’espérance de vie n’est que de 45ans. »
On le voit à travers cet article de ce journaliste français que DON KASS est un cerveau qui a contribué au développement de son pays à sa manière.
Kassory, l’homme pas exempt toute fois de critiques
Néanmoins, ses détracteurs continuent de décrire l’homme comme étant la base de tous les maux du pays depuis cette affaire lue pour vous quelque part :
« Il y a près de deux décennies avant aujourd’hui, en 1999, pour être plus précis; la corruption, le détournement de deniers publics ainsi que plusieurs autres malversations économiques gangrenaient dans la plus haute administration publique. Pour tenter d’assainir les comptes de l’État, le Président d’alors, feu Gl Lansana Conté commanditait un rapport d’audit des finances publiques, rapport dit d’Hervé, réalisé par une commission dirigée par l’ancien Ministre de la Sécurité Hervé Vincent Bangoura. Ce rapport a incriminé la gestion des finances publiques et mettait au grand jour, plusieurs crimes et délits économiques commis dans la passation des marchés publics qui impliquaient KASSORY ainsi que plusieurs de ses proches. Des pots de vins, des commissions et rétro-commissions sont entre autres les principaux chefs d’accusation de malversations économiques savamment orchestrées. Plusieurs marchés et sociétés publics et mixtes sont épinglés comme FRIGUIA, ANAIM, ENCO5, ACGP, IMPÔT, affaire TIMBRES FISCAUX, SGS …
Seul dossier de scandale économique pendant les 24 années de règne de Lansana Conté, à connaitre une suite judiciaire, le procès ouvert a dû rapidement être interrompu, devant l’ampleur des révélations des noms des responsables comme Kassory Fofana et compagnies… ».
A la lumière de tout ce qui est dit ci-haut, on peut dire que tout homme a des qualités et des défauts. La seule chose que les Guinéens peuvent espérer est qu’il aura les mains libres pour mener à bien son travail. Le bicéphalisme en Guinée a la vie dure car le président est omniprésent et les premiers ministres, mis à part Lansana KOUYATE (pour quelques mois), n’ont jamais réussi à mettre en place leur propre politique gouvernementale. Il faut constater aussi que les évènements des trois derniers jours ne plaident pas en sa faveur. Les décrets et contres décrets, le fait qu’un ministre choisisse le département ministériel qu’il veut diriger et que le PM et le PRAC acceptent ses caprices, porte un sérieux coup sur la rigueur et l’autorité des deux têtes qui constituent le bicéphalisme guinéen.
On observe également que sur la nouvelle équipe dite « gouvernement KASSORY », seuls onze ministres sont nouveaux, tous les autres ont été reconduits à leurs postes ou ont simplement changés de département (qu’ils soient jugés bons ou mauvais).
En droit, on dit que le doute profite à l’accusé. Cela dit, on peut accorder une chance au PM avant de se prononcer sur sa gestion. Après une année passée au Palais de la colombe, un premier bilan s’imposera pour avoir un éclairci sur l’an un de sa gouvernance.