Une fois de plus, la capitale guinéenne a été durement frappée par de violentes pluies, provoquant des inondations meurtrières et des dégâts matériels considérables. Des quartiers entiers ont été submergés, des familles endeuillées, et des habitations emportées par les eaux. Pourtant, ce scénario, bien que dramatique, n’a plus rien d’exceptionnel. Il se répète chaque saison des pluies, dans une « indifférence » institutionnelle qui frôle l’habitude. Pour preuve, depuis plusieurs jours, les averses intenses ont mis à nu la vulnérabilité structurelle du pays face aux phénomènes climatiques. Les quartiers d’Enta, Lambanyi, Matoto, ou encore Sonfonia, pour ne citer que ceux-ci ont été parmi les plus touchés, avec des rues transformées en torrents, des maisons inondées et des réseaux de drainage complètement saturés. Selon les premiers bilans officiels, environ 15 personnes ont perdu la vie, dont des enfants, emportés par les flots. Des dizaines d’autres ont été blessées ou déplacées. Les pertes matérielles sont également considérables : murs effondrés, meubles détruits, installations électriques endommagées, voies d’accès impraticables. Une tragédie qui n’est pourtant que la répétition d’un phénomène devenu saisonnier. Un mal chronique, une réponse institutionnelle timide Chaque année. Dès l’arrivée des pluies, les Guinéens revivent le même cauchemar.
Selon le Géographe, Mamadou Camara, plusieurs facteurs expliquent ce sempiternel problème saisonnier. «Les causes des inondations à Conakry, c’est entre autres l’urbanisation anarchique. L’architecture de la ville ne prend pas en compte les aléas de la nature. Chacun se contente juste de construire, parfois sans aucune indication sécuritaire et géographique. A cela s’ajoute le manque de réseaux de drainage. Et le peu qui existe est étroit, mal entretenu, souvent obstrué par les déchets », dit-il avant d’ajouter : « on ne peut aussi ignorer l’absence d’une politique environnementale ambitieuse. Pourtant, à chaque période pluvieuse, les pluies deviennent plus intenses et imprévisibles.» C’est pourquoi, conclut-il, il faut songer à promouvoir un plan national intégré de prévention et de gestion des risques climatiques, incluant à la fois la reconstruction des infrastructures de drainage, la réglementation stricte de l’urbanisation, la sensibilisation citoyenne à la gestion des déchets, et une cellule d’urgence opérationnelle dotée de moyens logistiques pour intervenir rapidement. »
Gassime Fofana
