La montée de l’immigration des jeunes du tiers-monde notamment d’Afrique devient davantage inquiétante pour les organisations nationales et internationales. Certes, des dispositions ont été prises de part et d’autre, mais la situation va toujours crescendo. Pour beaucoup d’analystes, tant que les racines du mal ne sont pas combattues, il serait difficile de stopper les flux humains incessants vers l’Europe ou l’Amérique.
Des clips vidéos, des images-choc qui montrent des personnes mortes ou souffrant dans les eaux de la Méditerranée ou des conférences sur les dangers de l’immigration. Les institutions nationales et internationales multiplient les initiatives pour sensibiliser les jeunes, potentiels candidats au départ. Rien ne semble manquer à cette thérapie de choc mais aucune solution ne semble non plus décourager ces jeunes déterminés à entrer ou périr.
Ainsi, pour plusieurs observateurs, la victoire contre l’immigration irrégulière n’est pas possible tant que les facteurs qui la provoquent ne sont pas objectivement identifiés et résolus. « La communauté internationale n’a toujours pas l’intention de combattre l’immigration. Parce qu’il est impossible de combattre un phénomène dont on ne voudrait pas parler des véritables causes. Le discours d’Etat du président Harry Truman (33ème président américain, NDLR) juste au début de la guerre froide dans les années 1948 évoquait déjà la situation. Il a attiré l’attention de la communauté internationale sur la nécessité de lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages des avancées scientifiques et du progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Car leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour elles que pour les régions les plus prospères», explique Moussa Kanté, sociologue. Pour lui, tant que la communauté internationale ne se donne pas la main pour développer les Etats démunis surtout ceux de l’Afrique, l’immigration ne saurait s’arrêter. Mais surtout M. Kanté préconise de s’attaquer à la mal gouvernance «qui a créé l’instabilité politico-économique et accentué davantage la pauvreté , mais aussi à l’ingérence étrangère qui parfois est source de stagnation des politiques de développement de nos Etats et provoque des conflits et des troubles qui a leur tour accélèrent le rythme de la pauvreté et le chômage des jeunes. Mais ce sont les raisons dont on parle peu ou presque pas», estime-t-il.
Pour lui, les communautés nationale, régionale et internationale doivent donc se donner les mains pour lancer comme Truman l’avait proposé un grand programme très ambitieux afin de développer les Etats du tiers-monde et faire en sorte que la gouvernance dans ces Etats soit transparente et juste. Mais aussi les institutions de paix devront davantage se déployer pour maintenir la paix dans ces pays et éviter de créer de fausses guerres pour des raisons économiques. «Sans quoi, la lutte contre l’immigration ne sera que de vains mots et non des actes concrets. Car quand la maison de ton voisin est entrain de prendre feu, il faut l’épauler pour l’éteindre sinon quand ça va loin, il viendra par tous les moyens chercher refuge chez toi», dit-il pour conclure.
Gassime Fofana