Ibrahima Sory Dioumessy : « nous allons porter plainte contre l’Etat guinéen au niveau des instances internationales»

32 ans après la répression consécutive à une tentative de coup d’Etat en Guinée, les victimes réclament toujours justice. Après de « nombreuses démarches », ces victimes souhaitent désormais en finir avec « la longue patience et les fausses promesses ». Pour le président de l’association des victimes de la répression de 1985, l’heure est à l’appel aux juridictions internationales. Lisez !

Ledeclic: après votre libération et l’amnistie que vous avez obtenue du feu président Lansana Conté, qu’est ce qui vous a poussé à créer l’association des victimes de la répression de 1985?

Ibrahima Sory Dioumessy: emprisonné pendant trois ans après le coup d’Etat manqué de Diarra Traoré, le Conseil des Nations  Unies aux Droits de l’Homme a adressé une recommandation à l’Etat guinéen dont la révision du procès et l’indemnisation des victimes de la répression. Parce que le procès rendu a été jugé inéquitable. C’est donc la recherche de la justice à travers la réalisation de ces recommandations qui nous a poussés à créer cette association qui compte aujourd’hui  40 membres.

Concrètement,  la création  de cette association a abouti à quoi?

Cela nous a permis d’avoir la loi d’amnistie de 1990 qui a été accordée à tous les détenus politiques.  C’est vrai que notre association a été agrée en 1992 mais le combat a été mené avant. Nous avons lutté  pour bénéficier de cette amnistie.

Depuis, est-ce que vous estimez que vous avez atteint vos objectifs?

Non! Depuis le 09 février 1990, nous ne sommes pas au bout de nos objectifs. Nous avons notre plainte déposée devant la cour suprême. Certaines personnes ont été indemnisées mais la majorité non. Le gouvernement nous a envoyé des émissaires  à travers la Commission Vérité-Justice-Réconciliation. Nous leur avons dit que cela ne nous concerne pas. Déjà que notre affaire est en cours, plus besoin d’intégrer autre commission alors que la plainte déposée en justice n’est pas close.

Quels moyens disposez-vous alors  actuellement pour amener l’Etat guinéen à vous rétablir dans vos droits?

Nous avons épuisé tous les moyens de recours nationaux. Le président  nous avait pourtant promis de rétablir l’Etat de droit une fois au pouvoir. Nous avons tout fait rien ne change. Maintenant, nous avons fait recours à la Cour de justice de CEDEAO et nous attendons un financement extérieur pour  porter plainte contre l’Etat guinéen au niveau des instances internationales.

 Globalement, quels regards portez-vous aujourd’hui sur la justice guinéenne ?

Je pense que les droits de l’Homme ne sont pas respectés dans notre pays. Ce gouvernement n’a aucune volonté de faire la lumière sur tous les crimes commis et rendre justice. La communauté internationale a donné 32 millions de dollars pour l’indemnisation des différentes victimes, mais l’Etat ne mène aucune action pour faire avancer les différents dossiers de justice.

Aujourd’hui un sérieux problème se pose par rapport à la lumière que nous devons faire sur les faits marquants de notre histoire. Pourtant le peuple a le droit de savoir. Nous sommes  vraiment déçus de ce gouvernement. Une chose reste claire nous n’allons pas baisser les bras et nous allons nous battre parce que justice mérite d’être rendue.

Propos recueillis par K. Thiam

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