Guinée : un membre d’un important réseau africain de trafic d’animaux vivants jugé et condamné à Conakry

Le tribunal de première instance (TPI) de Mafanco, statuant publiquement et contradictoirement en matière correctionnelle et en 1ère instance a retenu ce lundi 21 janvier 2019 le nommé Harouna Traoré dans les liens de culpabilité. Sur l’action publique, le prévenu a été condamné à 6 mois d’emprisonnement dont 4 mois avec sursis.

En rappel, c’est le 06 décembre 2018 que Monsieur Traoré est tombé dans les filets des agents du Corps des Conservateurs de la Nature avec l’appui de l’équipe de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) à Tombolia, en banlieue de Conakry. Au cours de l’opération, plus de 150 perroquets youyou et autres espèces d’oiseaux ont été saisis.

Les perroquets youyou sont des espèces d’oiseaux classés dans l’annexe II de la CITES (convention sur le commerce internationale des espèces de faune et de flore sauvage menacée d’extinction), autrement appelée la Convention de Washington.

Au niveau national, c’est le code de faune sauvage et réglementation de la chasse qui définit la classification des espèces en tenant compte des statuts de chaque espèce animale. Pour le cas des perroquets, le code les classe dans le groupe des espèces animales partiellement protégées. Par conséquent leur capture, détention, circulation et commercialisation sont réglementées par les dispositions prévues dans cet outil juridique officiel. Par contre, toute capture de ces oiseaux pour quelques raisons que ce soit doit être préalablement autorisée par les autorités compétentes des Eaux et Forêts.

Ainsi selon nos informations, Harouna Traoré aurait violé ce principe qui par conséquent a conduit à son arrestation. Traoré est identifié depuis longtemps au niveau national et international comme étant un des principaux membres du réseau Traoré en Guinée, un réseau qui s’active dans le trafic d’animaux vivants dans plusieurs pays du continent Africain, notamment dans le commerce illégal de chimpanzés. La même source indique que la famille Traoré serait implantée en Côte d’Ivoire, au Mali, en RDC et autres. En Côte d’Ivoire, le frère Ibrahima et l’oncle Mohamed de Haruna Traoré ont été condamnés en 2017, après avoir été arrêtés en possession d’un chimpanzé sur le point d’être exporté illégalement à l’étranger au cours d’une enquête du bureau d’Interpol d’Abidjan avec l’appui de la chaîne britannique BBC.

Avec l’arrestation de Haruna Traoré, la communauté internationale s’attendait à une forte décision de justice sur ce grand trafiquant international ayant durant de nombreuses années exercé cette activité en toute violation de la loi et des conventions internationales en la matière.

Dans son verdict du lundi 21 janvier 2019, le tribunal a retenu M. Harouna Traoré coupable des faits mis à sa charge et le condamne à 6 mois d’emprisonnement dont 4 mois avec sursis et une amende de 5.000.000 GNF. Il ne restera donc que 2 mois en prison. Sur l’action civile, il est condamné au paiement d’une somme de 10.000.000 GNF à titre de dommages et intérêts à l’Etat guinéen.

Une décision qui est perçue par bon nombre d’observateurs comme trop faible pour « un si grand trafiquant de faune». Car, estiment-ils, la famille Traoré « constitue un cartel puissant de trafic d’animaux vivants en Afrique».

Pour mémoire, la Guinée est présentée comme une plaque tournante du trafic international des espèces sauvages et est toujours sous sanction depuis 2013 par la Convention Internationale sur le Commerce des Espèces de faune et de flore sauvage menacée d’extinction (CITES).
Il faut rappeler que le trafic d’espèces est un crime organisé transnational. Il représente le 5ème commerce illégal le plus important au monde amassant plus de 20 milliards de dollars chaque année.
                                                   Fatou Kourouma

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *