Malgré sa belle épopée dans le football africain, la Guinée n’a toujours pas organisé une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. 2023 sera donc l’occasion de marquer les esprits mais surtout d’entrer un peu plus encore dans les rangs des nations footballistiquement imposantes sur le continent. Mais au regard de l’évolution des préparatifs de cette CAN, beaucoup de questions restent en suspens.
Organiser mais surtout réussir la Coupe d’Afrique des Nations de football en 2023, c’est le défi que veulent relever les autorités politiques et sportives de Guinée. Mais le scepticisme se conjugue désormais avec les inquiétudes pour plusieurs Guinéens. »Organiser la CAN en Guinée serait un peu difficile, puisque le pays ne dispose même pas de stades dignes de nom. Vous voyez, on joue au bord de la route. On compte sur le stade de Nongo qui a besoin encore des manœuvres et celui du 28 septembre ne peut même pas absorber un grand nombre de supporters pour des raisons évidentes de sécurité. Donc tous ces facteurs réunis peuvent affecter cet objectif », analyse Alpha Aliou Diallo, un sportif que nous avons rencontré en banlieue de Conakry. »C’est inimaginable que la Guinée reste jusque- là sans organiser la CAN, s’indigne Mohamed Sylla, sociologue et entraîneur d’un club de football à Conakry. C’est, pour moi, la faute au ministère des sports et aux autorités qui passent tout leur temps à chanter les louanges du Chef alors qu’au fond, ils ne parviennent pas à imaginer et à élaborer des stratégies de développement des sports par exemple ». Pour lui, l’organisation de la CAN en Guinée ne peut être possible que lorsque le président de la FEGUIFOOT accepte de prendre son bâton de pèlerin et les choses en main. »Il doit faire comprendre que les citoyens ont besoin également d’une CAN dans le pays. Lui et le ministre des sports doivent jouer pleinement leur rôle dans ce processus’’, dit-il. Pour Hamidou Kane, économiste de formation, la Guinée ne pourrait pas manquer de moyens financiers et humains pour organiser une CAN, mais seulement elle manque de bonne gestion et de planification. »Organiser une CAN est une façon de créer de l’emploi et d’améliorer le niveau économique et social du pays » avant de souligner que les autorités, les citoyens doivent s’impliquer activement et réduire certains facteurs néfastes à la gestion du pays. »Organiser la CAN est un mouvement d’ensemble. Tout le peuple doit s’engager. Ensuite, les décideurs doivent lutter contre la corruption dans le pays pour mettre non seulement les citoyens en confiance, mais aussi les bailleurs de fonds qui vont nous accompagner. Si cette confiance s’installe à partir d’une bonne gouvernance, le pays pourra mobiliser les ressources nécessaires à créer des infrastructures sportives, hôtelières ou routières et donc réussir sa CAN », ajoute-il.
Gassime Fofana