Qualifiée de scandale géologique, la Guinée devrait être l’un des pays les plus riches de la planète. Cette richesse se traduisant par l’existence des ressources minières, minérales ou agricoles dans ses villes et villages. Mais très malheureusement, les populations de la plupart des localités qui regorgent de ces richesses vivent dans des conditions difficiles.
Problèmes d’emploi, recul des activités agro-pastorales provoqué par la détérioration des conditions climatiques suite à l’exploitation minière à outrance ou pauvreté. Ce sont entre autres facteurs qui caractérisent la vie dans les localités minières. Cela, malgré l’existence des entreprises minières nationales et étrangères. Analysant cette réalité, le professeur d’Economie politique, Ibrahima Sory Diakité, impute la situation à la façon dont les contrats sont conçus. « Lorsqu’on passe en revue les différentes zones qui abritent des grandes sociétés minières aujourd’hui, on se rend compte directement que les contrats sont mal ficelés par l’Etat. Parce que négocier un contrat minier sans tenir compte de l’amélioration des conditions de vie à travers l’implantation des infrastructures socio-économiques de base ou l’emploi, n’est pas un bon contrat, estime l’enseignant. Les populations d’une zone minière, poursuit-il, doivent, en premier, ressentir les retombées des contrats miniers sur leur vie mais aussi sur leur ville. Mais chez nous tel n’est pas le cas. Quand on va par exemple à Boké, Forécariah ou Beyla, c’est dans l’extrême pauvreté que vivent les gens. À cela s’ajoute l’impact négatif de l’exploitation minière sur leur environnement qui ne leur permet pas de réussir amplement les activités agricoles ou similaires. «
Pour lui, dans la négociation des contrats miniers, l’Etat doit privilégier le développement des localités qui abritent les sociétés. « On peut développer le pays sans passer par un investissement direct. Si nous prenons la Guinée, c’est un pays qui est convoité et qui dispose d’énormes réserves minières. L’Etat, par une volonté politique, peut développer ces villes minières et autres parallèlement sans grand effort financier. Il suffit, dans la négociation des contrats, d’exiger aux entreprises étrangères et nationales de créer des infrastructures socio-économiques de base, de donner du courant à la localité où elles évoluent et que chaque entreprise sponsorise un club de football de la localité par exemple tout en privilégiant la formation et l’emploi. Ces entreprises minières peuvent bien faire ces choses-là. Il suffit juste de montrer une volonté politique et de suivre l’application stricte et rigoureuse des termes des contrats ainsi signés », conclut Ibrahima Sory Diakité.
Gassime Fofana