C’est une transition qui se veut réformatrice d’un système moribond et d’une gouvernance extrêmement mauvaise. Le Président, Colonel Mamadi Doumbouya, a instruit aux différents ministres du gouvernement et autres hauts cadres de l’État, de procéder à la présentation de leurs bilans respectifs au peuple de Guinée. Cette instruction a été caractérisée par le passage des ministres dans l’émission: On Fait le Point sur la télévision nationale. Une pratique appréciée par certains acteurs qui déplorent en même temps l’absence de certaines informations « claires » au niveau de certains ministères.
Pour Saibou Fofana, Coordinateur général IGPSGD (International group for Peace, Sécurity and Gouvernance Démocratic ), analyste des risques sécuritaires dans l’espace CEDEAO, « ces passages sont comme un acte de moralisation de la vie publique, de la gestion de l’État, dans la mesure où nous voulons de la transparence dans la gestion des finances de l’État, les implications des actions que le gouvernement de la transition est entrain de poser. On pourrait dire que ça été vraiment un éclat pour beaucoup de citoyens, voire une façon de gouverner, et qui pourrait mettre en cause les agents de l’État, les ministres, etc. », explique-t-il et de poursuivre : « ce qu’il faut apprécier dedans, c’est le fait que les citoyens sont informés à la minute et à temps plein des actions menées par le gouvernement. Ça, c’est important. Deuxièmement, que les médias aient une accessibilité aux différentes informations, aux différentes personnalités, pour pouvoir mettre au service des citoyens l’information recherchée. La troisième utilité de ces passages, c’est de permettre de corriger les imperfections par rapport à la gestion publique, par rapport à la gestion financière, parce qu’ils permettent aux citoyens, aux acteurs de la société civile, aux partis politiques, aux institutions internationales et aux partenaires de faire une lecture critique de la gouvernance sous cette transition. »
Caractère « ambigu » de ces passages !
Notre interlocuteur estime que même s’il faut se réjouir de cette initiative, il est à signaler que le passage n’aurait pas été « transparent » dans la plupart des cas. « Ce qu’il faut regretter, c’est le fait que certains ministres se réservent sur le budget alloué à des projets, le contenu, la spécificité de ces financements, l’explication et les chiffres ou statistiques relatifs à ces financements, ne sont pas connus par le grand public. C’est un regret. Deuxièmement, ces ministres sont venus aux affaires de l’État alors que les citoyens ne les connaissent presque pas. Il fallait alors faire cas des biens de chaque ministre pour pouvoir limiter d’éventuels cas de corruption ou d’enrichissement personnel que les autorités sont entrain de combattre. Donc je dirais que le gouvernement de la transition doit continuer dans la même lancée, informer le grand public, le citoyen à la base, pour que chacun puisse se faire une idée de la gestion actuelle du pays. Et là également, la société civile doit faire une lecture critique et objective qui favoriserait le changement de comportement des agents de l’État. Parce que parler de refondation dans une période transitoire est un acte audacieux, mais aussi ambitieux », conclut-il.
Gassime Fofana