Bien qu’elle soit riche de ses potentialités agricoles, la Guinée peine encore à couvrir les besoins alimentaires à travers la production interne. Et s’il y a un facteur qui pourrait expliquer cette situation, c’est bien la non mécanisation du secteur et l’absence d’industrie de transformation des produits issus des activités agricoles. A cela s’ajoute le manque d’un mécanisme commercial, permettant d’expédier et de vendre sur les marchés national et international.
De ce fait, les paysans guinéens préfèrent se contenter d’un marché national si étroit, qui impacte parfois négativement la commercialisation rapide de sproduits. « Après nos productions agricoles en pastèque, nous sommes entrain de chercher à écouler nos marchandises. Mais le marché est trop lent, et cela peut gâter nos pastèques et jouer sur nos revenus attendus, sachant qu’on n’a pas les moyens de conservation idéale jusqu’à la fin de la vente. Donc si nos produits ne sont pas achetés vite, nous allons perdre. Et nous n’avons pas fait tous ces investissements pour enregistrer des pertes, affirme Fatoumata Touré, vendeuse de pastèque à Tombolia plaque, commune de Matoto. C’est pourquoi ajoute t-elle, dans notre pays ce n’est pas la production qui nous inquiète parfois, mais plutôt, c’est l’écoulement rapide des produits, qui reste un problème. »
<span;> Dans son analyse, Ibrahima Kalil Sacko, économiste estime que : « contrairement aux autres pays, en Guinée, le paysan est à la fois producteur, transporteur et vendeur. Ce qui explique sa première difficulté. Deuxièmement, il est confronté à l’étroitesse du marché intérieur et la faible solvabilité du demandeur. Enfin, il y a ce manque de politique commerciale pour plusieurs de nos produits nationaux comme les produits agricoles vers le marché international. C’est pourquoi la production rapporte peu à nos paysans et vendeurs, contrairement aux paysans de beaucoup de pays qui disposent de stratégies politiques, de moyens commerciaux et de transport adaptés aux activités agricoles, qui peuvent exporter et vendre ailleurs que seulement dans leur pays. C’est pourquoi, il est aujourd’hui important de procéder à la modernisation de nos activités qu’elles soient agricoles, pastorales ou halieutiques afin que nos paysans puissent résister à la concurrence internationale. Et aujourd’hui, l’Etat doit initier des politiques pour élargir le marché des produits nationaux de tous genres et permettre à nos producteurs et vendeurs d’exporter aussi en dehors du pays afin d’acquérir des devises. C’est ce qui pourrait être un déclencheur de croissance financière et d’amélioration des conditions de vie. Parce que le marché mondial est aujourd’hui un atout pour favoriser l’émergence économique et financière d’un pays. »
Gassime Fofana