Cursus universitaires et professionnels non adaptés aux besoins du marché du travail, faiblesse de l’initiative privée ou manque de politique nationale pour l’emploi. Voilà qui pourrait expliquer la crise d’emplois en Guinée, avec pour conséquences une perte énorme de ressources humaines nationales sous l’effet de l’inactivité et une forte importation de mains d’œuvre étrangères qualifiées. Pour inverser cette tendance et créer suffisamment d’emplois en Guinée, l’économiste, Ibrahima Sory Diakité, soutient qu’il faut, à notre ère, promouvoir le développement de l’entrepreneuriat.
« En Guinée, les gens n’aiment pas risquer. Tout le monde préfère le salaire de l’Etat. Ce qui est compréhensible car, c’est là où il y a la garantie plus que dans l’investissement privé. Et comparativement à d’autres pays, en Guinée, les investisseurs ne sont pas soutenus par le pouvoir public. Il n’y a pas une sécurité écologique, financière et économique pour les investisseurs. Pour preuve, courant 2021 et 2022, combien d’entrepreneurs ont perdu leurs activités agricoles à Kindia, Forécariah et bien d’autres localités du pays, par des incendies ou par d’autres actions destructrices de biens ? Mais l’État en tant que garant de tout système économique, qu’il soit privé ou public, ne s’est jamais intéressé politiquement et judiciairement à ces phénomènes qui font reculer ou qui tuent à petit feu l’idée d’entreprendre en Guinée. En d’autres termes, les entrepreneurs qui sont victimes de ces pertes, la plupart ne bénéficient pas d’un accompagnement de la part de l’État même sous forme de prêts remboursables à faible intérêt. Pourtant, si on veut lutter contre la pauvreté dans un pays, il faut faire de l’initiative privée une priorité car, c’est la lance de fer même d’une économie incitative », dit-il, avant d’ajouter : « c’est pourquoi il faut, par le biais de l’État, booster l’idée et la culture de l’entrepreneuriat en Guinée, en créant un climat favorable à l’investissement privé, en créant en même temps une sécurité autour des biens des entrepreneurs. Il faut aussi faciliter les procédures de création d’une entreprise dans notre pays. Développer davantage les banques d’affaires et d’investissement que les banques commerciales ou de dépôts. Et que les banques soient flexibles pour donner des prêts bancaires à des concessions raisonnables aux entrepreneurs. »
Gassime Fofana