La lutte contre les constructions anarchiques et illégales dans le lit du cours d’eau de Démoudoula est entrée dans sa phase décisive ce jeudi. La libération des lieux qui a commencé depuis un certain moment s’est amplifiée sur fond de malaise et de détresse.
A Démoudoula, dans la commune de Ratoma, c’est la désolation et la stupeur. Aux bruits des machines venues démolir les constructions illégales se mêlent des cris de détresse des citoyens qui ont investi ici et qui y vivent depuis des années. «Je suis frustré dans la mesure où nous sommes en pleine saison hivernale. Il est difficile d’avoir une concession à Conakry en ce moment. Notre sort est vraiment triste », regrette Souleymane Diallo, l’une des victimes.
La frustration, c’est également le sentiment qui étreint Mamadou Bailo Sow qui n’hésite pas à dénoncer la complicité des cadres du Ministère de l’habitat. « C’est très touchant parce-que c’est l’Etat par le ministère de l’urbanisme et de l’habitat qui offre les certificats de construction aux citoyens .Et après ,se sont eux qui ordonnent de démolir. C’est vraiment irresponsable », dénonce notre interlocuteur devant une ruine encore fumante de sable qui s’étend sur plusieurs mètres.
En attendant, c’est le sauve-qui-peut. Les machines déployées sur le site de la forêt classée vont continuer de vrombir et de démolir jusqu’à la dernière brique. Les citoyens, eux, n’ont désormais que leurs pieds pour se chercher un logement d’urgence. Et ce ne sont pas les discours relatifs à un éventuel dédommagement qui les rassure. « On a parlé de dédommagement pour ceux qui ont des certificats mais moi je n’ai pas confiance », doute Mamadou Bailo Sow.
Seydouba Camara