Nombreuses sont des enquêtes judiciaires qui sont ouvertes en Guinée mais qui ne connaissent pas toujours leur épilogue. Certains hommes de Droit imputent cette réalité à la fragilité des institutions et à la mal gouvernance.
Des crimes politiques, des malversations économiques ou des dérapages sociaux. Ils sont nombreux ces dossiers qui pendent et sur lesquels les autorités ont promis de faire la lumière. Les plaignants et les citoyens, souvent désabusés, attendent des années, finissent par se lasser et lâchent. «Dans plusieurs pays d’Afrique et le nôtre en particulier, Il existe des dossiers historiques et actuels pour lesquels les autorités ont promis d’ouvrir une enquête. Mais cela n’aboutit à aucun résultat, constate Alimou Bah, professeur de Droit. C’est parce que, pense-t-il, l’appareil judiciaire ne joue pas pleinement son rôle. Dans nos Etats, les appareils en charge de la justice sont faibles et manquent de moyens pour atteindre la fin de certains dossiers. Ensuite, ces institutions ne sont pas suffisamment indépendantes du pouvoir exécutif. Ce dernier a la main mise sur l’appareil judiciaire. Ce qui fait que certains dossiers surtout politiques sont le plus souvent laissés dans les tiroirs».
Conséquences de cette situation, les citoyens n’ont plus confiance en la justice et se livrent à des vindictes populaires.
Pour inverser la tendance, Alimou Bah insisté sur l’indépendance de l’appareil judiciaire vis-à-vis de l’exécutif. «On demande certes de pardonner, mais il faut d’abord ouvrir des enquêtes et faire la lumière, sanctionner les coupables. Pour y parvenir, il faut rendre en premier l’appareil judiciaire indépendant. Ensuite, il faut doter les hommes de Droit des moyens modernes pour faciliter l’exercice de leur fonction et veiller à ce que l’institution joue pleinement son rôle dans l’art de la justice et de la démocratie», propose-t-il.
Gassime Fofana