Guinée / Evaluation des partis politiques : Dembo Sylla de l’UDG s’exprime !

Est-ce une vraie démarche d’assainissement de la classe politique guinéenne ?  Est-ce qu’il faut redouter une chasse aux sorcières ? Le gouvernement lui-même a-t-il rempli les obligations notamment juridiques vis-à-vis des partis politiques? Ce sont entre autres questions que les uns et les autres se posent depuis la publication du rapport  d’évaluation 2024 des partis politiques en Guinée.  Ce travail, réalisé par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) par le biais de la Direction Nationale des Affaires Politiques et de l’Administration Électorale (DNAPAE) indique : « la dissolution de 53 partis politiques, la suspension de 54 et la mise en observation de 67 autres. »

Les raisons de cette décision, selon le ministère !

« Non-respect des conditions de constitution d’un parti politique, parti introuvable, la non-participation de ces formations à une élection depuis leur création, ni nomination de responsables », indique le dit rapport, entre autres. « Vous savez, depuis bientôt un an, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a engagé des procédures d’évaluation périodique. La première en 2022, n’avait pas concerné beaucoup de partis politiques.  Ensuite, ils ont continué en 2023. Là aussi je crois que ça n’a pas touché la totalité. Donc ce sont la deuxième et la troisième phases, qui nous ont concerné comme on est très accessible à l’image de certains partis politiques sur place et peut-être à l’intérieur du pays », explique d’entrée, Dembo Sylla de l’Union démocratique de Guinée (UDG) avant d’ajouter : « mais la dernière, après la rencontre que le Ministère a organisée, a concerné beaucoup de partis politiques. L’ensemble de ces questions, en tout cas celles qui nous concernent, nous nous sommes efforcés à y répondre, étant donné que certaines étaient très difficiles. »

Est-ce que l’Etat a respecté aussi ses engagements ?  

« Depuis la création des partis politiques, de notre point de vue , l’Etat même n’a pas aussi rempli certaines conditions c’est-à-dire accorder des financements ou des appuis aux partis politiques. Mais tous les partis politiques qui ont existé ont eu leur agrément délivré par le Ministère.  Selon la charte même des partis politiques, l’Etat avait des obligations ou en tout de cas de veiller à ce que les partis remplissent toutes les conditions notamment les sièges et autres avant de leur accorder un agrément. Cela a été un déficit de ce point de vue du ministère de tutelle. »

Analyse de la décision!

Pour cet acteur politique, il est nécessaire et il est à saluer cette décision qui viserait à débarrasser la sphère politique de Guinée des partis qui ne répondent pas aux conditions de la loi organique relative à l’existence d’un parti politique en Guinée. « Mais dans tous les cas, nous estimons qu’ils ont fait quand même un travail remarquable, parce que, de notre point de vue, il faut des partis qui doivent être reconnus, qui remplissent certaines conditions sine qua non. »

Conscient de la pléthore et surtout de l’existence de partis politiques qui ne servent pas conformément aux exigences définies dans la charte des partis politiques, le vice-président de l’UDG affirme : « Etant dans ce mouvement, nous savons bien sur le terrain que beaucoup de partis politiques au-delà de Conakry ou du grand Conakry n’existent pas sur le territoire national.  C’est toujours dans les préfectures et sous-préfectures reculées. On pourrait se rendre compte surtout à travers la participation des partis politiques aux différentes élections communales, législatives et présidentielles qui ont eu lieu depuis 2010. En ce qui concerne l’UDG, nous avons participé à ces élections, qui nous ont permis également de nous rendre compte de l’état de représentativité des partis politiques sur l’étendue du territoire surtout dans certaines sous-préfectures. »

Oui pour l’assainissement de la classe politique, mais avec responsabilité et transparence !

« Politiquement parlant, en ce qui me concerne je suis partisan de cette démarche qui vise à évaluer la présence des partis politiques et leur effectivité. Ça permet de savoir quels sont les partis qui remplissent les conditions d’existence et que ça ne soit pas juste des partis politiques qui existent à travers leur agrément. Mais je ne souhaite pas que, pour telle ou telle raison subjective, on puisse écarter. Il faut que ça soit sur des critères objectifs », dit-il.

Pour lui, la présence de partis politiques qui ne remplissent pas les critères administratifs et juridiques de la charte des partis politiques serait la conséquence de la faible opposition politique au pouvoir devant les véritables questions de développement du pays. « Cette situation a compliqué depuis les 5 dernières années la vie politique sur le terrain. Chaque fois qu’il s’agit de poser, comme on le dit, les lièvres à certains politiques actifs, le pouvoir exécutif s’est toujours appuyé sur ces partis qui savent que leur existence ne tient qu’à l’indulgence du ministère et qu’ils se sont souvent mis à contredire des partis politiques qui voulaient exercer  vraiment leur rôle d’opposition à l’Etat. Les conférences que l’Etat organisait était piégé par ces partis qui s’alignaient directement sur la vision du parti au pouvoir.  Ce qui compliquait l’exercice de l’opposition réelle au gouvernement. Et ce dernier s’en plaisait aussi pour dire il y a tel nombre de partis qui sont d’accord avec le pouvoir.  J’ai eu à remarquer ça même à l’Assemblée. Il y a beaucoup de partis qui sont arrivés aux huitième et neuvième législatures, il y a eu la diligence du parti au pouvoir derrière lequel ils s’alignaient directement à l’Assemblée sur des questions qui étaient des sujets majeurs. Ce qui faisait qu’il y avait toujours une majorité automatique », soutient Dembo Sylla  qui ne souhaite désormais sur l’échiquier politique que des partis politiques qui sont vraiment capables de remplir les conditions de la charte. « Nous-mêmes, les 67 partis politiques mis sous observation, j’ai remarqué des éléments qu’ils nous ont reprochés. Mais tout récemment, avant cette publication, nous avons rendu compte sur papier de l’exécution de certains éléments. Mais je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas pris en compte. Néanmoins, nous nous sommes déjà réunis pour reprendre ces questionnaires et reprendre surtout des choses qu’on leur avait adressées là-bas, ils ont accusé réception notamment la liste des membres exécutifs, le registre des cotisations et des donations, les relevés bancaires …  Nous leur avons fourni ces pièces. On est donc perplexe parce qu’on ne sait pas pourquoi ils nous reprochent encore l’inexistence de ces documents-là. Pour nous, une équipe y travaille déjà pour envoyer à nouveau ces documents qu’on avait déjà fournis », conclut-il.

Gassime Fofana

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