Si pour certains l’évaluation des ministres de la transition par le Chef du gouvernement et une équipe externe est un signe de bonne gouvernance, pour d’autres, c’est un symbole de la dérive de la transition.
À quoi cette évaluation sert-elle et pour quel résultat ? Est-ce une tournure du populisme gouvernemental de cette transition ? Tant de questions que les Guinéens se posent en ce moment après l’évaluation des ministres au compte du semestre 2023.
Pour Mohamed Cissé, professeur, » c’est une bonne chose de procéder à l’évaluation d’un cadre en fonction pour pouvoir détecter ses faiblesses et ses capacités vis-à-vis du poste qu’il occupe et sa feuille de route. Mais, la chose ne devrait pas se limiter là. Si le Chef du gouvernement, qui devrait aussi être évalué, a initié une évaluation des membres de son gouvernement, il faudrait qu’il y ait des répercussions, au-delà de la simple publication des résultats. C’est-à-dire, si on a évalué, c’est pour connaître qui est capable et qui ne l’est pas. Donc il faudrait par la suite faire débarquer tous ceux qui ne sont pas admis. Et dans ce cadre que ce serait un signe de bonne gouvernance. »
Un avis qui demeure moins partagé par d’autres analystes de Guinée. Pour le sociologue Ansoumane Condé, cette évaluation montrerait que la transition serait entrain de perdre l’élan de ses objectifs . » Dans les autres pays, lorsqu’il s’agit de la gouvernance d’un pays, on ne blague pas. Parce que cela implique une immense responsabilité qu’aura chaque personne qui sera nommée. Donc pour le faire, il faut tenir compte de beaucoup de paradigmes qui peuvent influer tout en apportant une évolution conséquente tant pour le pays que pour son peuple. Mais si déjà, on passe par des choix de gouvernants de manière fantaisiste et le plus souvent par népotisme, on ne peut pas s’attendre au développement, parce que ce développement est le fruit du choix des hommes. Comme dit l’ancien Président Ahmed Sékou Touré, l’homme à la place qu’il faut. Mais si on ne pas tient compte des facteurs de gouvernance publique, on vient après, pour dire qu’un tel ministre a eu 0, cela montre que les nominations n’ont tenu compte d’aucun principe de gestion. »
Gassime Fofana