Bien que les autorités guinéennes affichent la volonté de lui apporter des reformes, le système éducatif reste confronté à la location des bâtiments privés pour en faire des établissements d’enseignement. Selon certains citoyens, c’est un moyen pour l’Etat de favoriser la corruption.
Face au manque criard des infrastructures scolaires et universitaires, la location des bâtiments privés par l’Etat guinéen reste pour le moment l’alternative sérieuse. si la stratégie permet aux autorités d’affronter les effectifs pléthoriques, les citoyens, eux, restent partagés sur la question. Pour Aicha Soumah, institutrice, cette disposition n’a rien de grave. « Louer des établissements privés pour abriter des élèves n’est pas un moyen de faire la corruption, mais simplement, parce que l’Etat n’alloue pas suffisamment de ressources financières pour construire des infrastructures comme des écoles. Surtout quand on sait que ces derniers temps, le pays a connu plusieurs crises de nature sociale ou économique », se défend la jeune institutrice.
Un avis que ne partage pas Lancinèt Condé, professeur de Philosophie. Pour lui, l’Etat et les autorités éducatives « sont faibles et incapables. Ne pas pouvoir réaliser des infrastructures scolaires pour les élèves est un fait qui montre à suffisance un manque de volonté politique de leur part à améliorer le système éducatif guinéen« . Pour notre interlocuteur, louer n’est pas la solution. Il propose que des millions que l’Etat donne chaque année aux privés servent à construire des infrastructures scolaires et qu’il y ait un suivi régulier pour éviter toute malversation. Sinon, c’est selon lui, le niveau des élèves qui en prend un coup sérieux. « Regardez aujourd’hui dans quelles conditions les élèves étudient. Les effectifs sont pléthoriques et y en a qui sont obligés de suivre les cours depuis les fenêtres. Les autorités adoptent des reformes politiques qu’elles appliquent ensuite aux apprenants sans pour autant créer des conditions liées à ses réformes« , dénonce-t-il.
Gassime Fofana