C’est à l’occasion de la journée mondiale des enseignants que le président guinéen a demandé aux enseignants de dire la vérité, de dire aux apprenants dans quel état il a trouvé le pays et comment il l’est maintenant. Une idée que certains rejettent déjà, estimant que cela pourrait constituer une source de problèmes.
« Vous devez dire la vérité, parler aux élèves et étudiants de l’évolution de ce pays, là où je l’ai trouvé le pays et ce qu’il est devenu aujourd’hui. Il n’y avait pas de devise à la banque centrale, l’inflation était à 21 %, j’ai fait venir le Fonds monétaire international« . Grosso modo, ce sont quelques mots que le président guinéen a avancés devant les enseignants à l’occasion de la célébration de la journée mondiale qui leur est dédiée. Alpha Condé sollicite ainsi qu’ils parlent de ces faits aux apprenants du pays. Mais déjà, certains enseignants n’embrassent pas cette idée présidentielle et pensent que cela pourrait être un facteur de polémiques. « Nous ne pouvons pas associer la politique politicienne et l’éducation. Je trouve que c’est abominable. Les murs de l’école sont faits pour apprendre la science et non pour plébisciter ou faire l’éloge devant des élèves qui peuvent avoir des choix différents de vie. Je ne trouve que ce n’est pas normal », regrette Mamadi Traoré, professeur de Chimie qui précise ensuite que « les éducateurs dans les autres pays forment une élite intellectuelle puissante qui jouit d’une indépendance d’esprit vis-à-vis des gouvernements englués parfois dans des mensonges qu’il faut dépasser pour préparer l’avenir« . Cet avis est aussi partagé par Mamadou Lamarana Diallo, professeur de Mathématiques. Pour ce dernier, « c’est un devoir pour le président de faire avancer son pays. Mais cela ne lui donne pas le droit d’amener les enseignants à parler de lui dans les classes. Surtout dans un pays où des clivages ethniques sont encore plus profonds et très exacerbés. Imaginez-vous, dans une salle de classe, il y a toutes sortes d’ethnies qui ont des choix politiques différents. Donc à force de parler de ce que le président a fait ou est entrain de faire, cela pourrait risquer d’attiser la colère ou la haine entre les apprenants« , explique le jeune professeur.
Gassime Fofana