L’actualité rime ces dernières années avec des annonces parfois fracassantes des cas de viols sur l’ensemble du territoire guinéen. Certains sont même parfois tentés de dire que la Guinée commence à être malade du viol tant les faits deviennent récurrents et les auteurs, le plus souvent, pas du tout inquiétés. D’où la nécessité, selon la directrice exécutive de la Coalition des femmes leaders, de changer de mentalité et de façon de faire.
Son identité n’a pas été révélée mais l’on sait qu’elle n’a que 15 ans. Alors qu’elle prenait part au marché hebdomadaire de sa localité, elle est interpellée par un groupe de quatre hommes qui ont ensuite abusé d’elle avant de s’enfuir et de l’abandonner à son triste sort. Loin d’être un film de science- fiction, c’est bien la triste réalité que vient de cette fille encore mineure dans une localité de la Moyenne Guinée.
Comme elle, nombreuses sont ces personnes qui sont victimes de viol en Guinée. Mais au-delà de la récurrence du phénomène voire de l’absence de statistiques fiables, la problématique se pose désormais en terme de sensibilisation et de prise de conscience. Car le viol est une pratique qui s’incruste dans le temps même si les personnes sont de plus en portées à l’affronter sinon à la combattre. «Ce n’est pas aujourd’hui que les viols ont commencé dans la société. Mais c’est maintenant que les gens commencent à comprendre que lorsqu’ils sont victimes de quelques chose, en le dénonçant, ils peuvent trouver de l’aide», explique Fatou Baldé, directrice exécutive de la Coalition des femmes leaders (COFEL). Selon elle, si le viol perdure encore, c’est bien parce que quelque part, la culture de l’impunité persiste encore dans la société. «Si toute fois, les personnes qui commettent ces violences étaient punies avec la plus grande sévérité, le phénomène allait s’arrêter. Dans tous les pays au monde, il y a des cas de viol mais les gens sont freinés par le fait qu’il y a des sanctions», fait-elle remarquer.
Pour mettre fin à ces actes qu’elle qualifie de déshonorants, la directrice exécutive de la COFEL propose que « les victimes partent vers les hôpitaux pour une prise en charge. Une fois que la prise en charge est faite, il faut qu’elles se dirigent vers l’OPROGEM, pour pouvoir obtenir de l’aide et que les auteurs soient interpellés et punis. Mais si vous restez sans le faire, vous risquez de contracter et de développer des maladies transmissibles. Il y a également d’autres risques que vous courez quand vous restez à la maison et au moment où vous décidez, par exemple, de porter plainte, il n’y a plus de trace».
Le débat sur le phénomène du viol alimente tous les jours les débats au sein des organisations de défense des droits de l’Homme. Les présumés auteurs de ces actes, eux, sont le plus souvent impunis alors que les victimes plongent dans le mutisme et dans la peur du regard de la société.
Aliou Sanaya Diallo