Les menaces naturelles et artificielles sur l’environnement sont récurrentes ces derniers temps dans plusieurs pays du monde. Le drame survenu récemment en Sierra Leone sonne comme un avertissement. En Guinée, certains spécialistes de l’habitat et de l’environnement s’inquiètent déjà de la manière dont s’opère l’urbanisation dans la capitale guinéenne et craignent que la ville ne soit exposée à des dangers tels celui qui vient de frapper le pays voisin.
La population guinéenne augmente de façon exponentielle et la capitale Conakry enregistre de plus en plus de personnes. Cette crue pose le problème de logements et certains n’hésitent plus à repousser la mer pour ériger leurs habitations. Il suffit juste d’une autorisation parfois à polémique de certaines autorités pour que les immeubles sortent des lits de fleuve ou des bras de mer.
Pourtant, l’urbanisation obéit à un ensemble de normes sans lesquelles la ville court tôt ou tard un grave danger. « La ville de Conakry n’est pas à l’abri des dangers environnementaux parce que les normes urbanistiques ne sont pas respectées. Chacun, aujourd’hui construit n’importe comment et à n’importe quel endroit. Il suffit qu’il ait un terrain même réservé pour le passage du vent et de l’eau. Mais c’est la faute aux autorités à tous les niveaux qui vendent illicitement des domaines sans tenir compte des normes de lotissement et des vagues d’eaux qui pourraient frapper la localité« , dénonce Lamine Doumbouya, ingénieur d’habitat. Pour lui, si l’Etat guinéen a du mal à assainir Conakry, ce n’est pas seulement par manque de moyens, mais c’est parce que la ville est mal lotie. « Toutes les structures, les maisons sont concentrées entre elles de façon anarchique. Des résidences sont réalisées sans mesure urbanistique. Parfois, on voit même des endroits où le chemin de l’eau est barricadé par des maisons. C’est pourquoi quand il pleut abondamment, on assiste à des dégâts importants dans plusieurs zones de la capitale« , dit-il.
La Guinée est menacée par des constructions anarchiques
Pour sa part, Mohamed Camara, environnementaliste soutient que le pays est menacé par ces constructions anarchiques et surtout par la destruction des mangroves au profit des logements. « Cela est grave, explique-t-il. Parce que les mangroves sont comme le toit d’une maison. Si une maison n’a pas de toit, quand il pleut l’eau va rentrer dans la maison et quand elle rentre, elle fera des dégâts. C’est l’un des rôles des mangroves. Enfin elles offrent une stabilité du sol, une protection contre les vents et la houle. Donc si ces mangroves sont détruites au profit des maisons, il faut s’attendre à des inondations, à l’érosion côtière dans le pays et au drame comme ce qu’on connait ces derniers temps », explique –t-il, avant de proposer que les constructeurs de bâtiments fassent appel à des ingénieurs de qualité pour bien étudier la nature de leurs terrains et faire des propositions de mesures avant de bâtir leurs maisons.
Gassime Fofana
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