En Guinée, les petites et moyennes entreprises (PME) représentent une part importante du tissu économique. Elles constituent la colonne vertébrale de la création d’emplois et de richesses, mais évoluent dans un environnement souvent hostile. Manque d’accès au financement, fiscalité lourde, absence d’accompagnement technique. En plus, le quotidien des entrepreneurs ressemble davantage à un parcours d’obstacles qu’à une marche vers la croissance.
Un potentiel étouffé par les contraintes
Dans les quartiers de Conakry comme dans les régions, la vitalité des PME est palpable : Des initiatives locales aux innovations numériques et technologiques, elles foisonnent. Pourtant, beaucoup meurent dans leurs premières années d’existence. Selon plusieurs analystes économiques, le problème n’est pas l’ambition des jeunes entrepreneurs, mais plutôt le manque de mesures adaptées pour les aider à franchir le cap de la survie vers la croissance.
Des mesures prioritaires pour renforcer les PME
« Les PME, de Conakry à l’intérieur du pays, ont besoin aujourd’hui des mécanismes de garantie publique, des fonds d’investissement dédiés et des lignes de crédit à taux préférentiels pour assurer leur durabilité, compétitivité et efficacité », dit le professeur d’économie, Ousmane Soumah. Pour lui, la lourdeur administrative et la pression fiscale dissuadent de nombreux entrepreneurs. « Donc mettre en place une fiscalité adaptée, progressive et simplifiée pour les jeunes entreprises permettrait d’encourager l’innovation et de formaliser davantage d’activités.
Renforcer la formation et l’accompagnement
« En Guinée, beaucoup de PME échouent faute de compétences en gestion, marketing ou digitalisation. Donc il faut, pour elles, des centres d’appui aux entreprises, incubateurs et programmes de formation pratique notamment en partenariat avec les universités et les chambres de commerce », explique Ousmane Soumah avant d’ajouter : « il faut encourager la digitalisation. Le numérique n’est pas seulement une mode, une condition de survie. La création de plateformes de e-commerce, de solutions de paiement mobile et de gestion numérique des PME peut booster leur compétitivité et leur ouverture vers des marchés plus larges ».
Favoriser l’accès aux marchés publics et développer les infrastructures sociales et économiques
Pour ce professeur d’Économie, trop souvent, les PME sont écartées des grands marchés au profit des multinationales. Donc réserver un quota des appels d’offres publics aux entreprises locales et réduire les critères d’éligibilité renforcerait leur croissance et leur crédibilité.
Aussi, avec des routes dégradées, des coupures d’électricité, et la connexion Internet instable, la productivité des PME se trouve fortement entravée. Investir dans des infrastructures fiables est donc une mesure indirecte mais vitale pour leur développement.
Un enjeu stratégique pour l’avenir
Il faut rappeler que ces entreprises sont capables d’absorber une partie du chômage des jeunes, d’innover dans des secteurs stratégiques comme l’agro-industrie, les énergies renouvelables ou les services numériques et médiatiques pour ne citer que ceux-ci, et de porter l’image d’une Guinée dynamique et résiliente.
Gassime Fofana