Depuis plusieurs années, le gouvernement guinéen déploie des efforts pour assurer ou faciliter l’employabilité des jeunes. Le ministère de la jeunesse est alors étendu à la question sans compter les fonds débloqués pour accompagner les jeunes entrepreneurs dans leurs domaines respectifs. Mais très malheureusement, le taux de chômage reste encore élevé dans le pays. Même si les chiffres officiels ne sont pas produits sur la problématique, les analystes expliquent ce manque d’emplois par le fait que les politiques nationales et les formations existantes ne tiennent pas compte des besoins du marché. En plus, le déséquilibre entre l’offre et la demande de travail reste très élevé. Conséquence : l’inactivité de plusieurs mains d’oeuvre nationales. « L’offre d’emplois est liée à un certain nombre de conditions qu’il faut cerner. Premièrement, c’est la distinction entre les services d’emplois, les industries, les grandes entreprises et autres. Est-ce que les jeunes que nous avons actuellement sont suffisamment outillés pour être effectivement rentables dans les services ? Ça c’est un vrai problème en Guinée parce que c’est lié aussi au caractère, c’est-à-dire, dans la formation au niveau des établissements scolaires, il faut non seulement enseigner la technique mais aussi le caractère. En Guinée, il y a une crise de moralité qui s’est installée. Aujourd’hui, si vous avez des camions et que vous voulez recruter des chauffeurs, il vous sera plus facile de payer les véhicules que de trouver de bons chauffeurs… Enfin, l’autre aspect, qui me paraît utile c’est : est-ce que le cursus scolaire prend en compte les besoins de l’emploi ? C’est pourquoi il faut qu’on abandonne progressivement la formation généralisante. Les étudiants en journalisme , en philosophie ou en mathématiques, c’est très bien, mais il est temps d’aller vers les sciences appliquées. Donc multiplier les établissements qui enseignent les branches techniques », soutient Mohamed Condé, secrétaire général du ministère de l’information et de la communication.
De la nécessité de créer les lycées techniques
Au moment où les domaines d’activités se diversifient, les besoins en mains d’œuvre se posent en terme de nécessité absolue. Pour faire face aux demandes des entreprises ou à l’employabilité des jeunes, Mohamed Condé a des idées. « Dans ce cas, je proposerai qu’on crée des lycées techniques maintenant. C’est-à-dire que l’orientation vers les emplois commence dès après le brevet. Ainsi l’enfant qui sort, s’il n’est pas employé par une entreprise, il peut créer sa propre entreprise, même si c’est le bas niveau. Cela réduirait le chômage. Si on oriente les enfants vers les lycées techniques à partir de la 10 ème ou de la 11 ème année, on a toutes les chances qu’à leur arrivée au baccalauréat, ils soient à un niveau où on peut les envoyer vers les secteurs techniques ou moyens, c’est-à-dire s’ils sortent au niveau du bac, ils sont utilisables dans l’industrie, par exemple. Et s’ils ont la chance de continuer dans l’enseignement supérieur, ils rentrent dans la catégorie de l’élite, c’est-à-dire des ingénieurs. Donc l’un dans l’autre, il faut qu’on ait beaucoup plus d’exécutants que de décideurs. Et malheureusement la pyramide est inversée chez nous ici. Beaucoup d’universitaires et très peu d’exécutants à la base. Il faut donc remettre la pyramide telle qu’elle doit être en augmentant le taux de fréquentation des établissements techniques dès le bas âge. »
Gassime Fofana