S’achémine t-on vers une nouvelle crise à la Commission Électorale Nationale Indépendante? En tout cas, tous les éléments semblent réunis de nos jours pour corroborer cette hypothèse. Hadja Ramatoulaye Bah, Commissaire et représentante de l’opposition à la CENI est montée au créneau ce lundi pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « manque de respect des textes juridiques » régissant l’institution en charge des élections en Guinée.
Les faits remontent à 2015, lorsqu’elle a été affectée comme superviseur sur l’axe Dalaba-Pita pour l’installation des démembrements de la CENI. Cette année, elle a été encore chargée de poursuivre ses activités dans ces localités et devrait aller là-bas le vendredi dernier, explique t’elle. Mais à la surprise finale, sans consultation, Hadja Ramatoulaye Bah aurait été sommée par le nouveau président de la CENI d’abandonner sa mission pour des raisons de sécurité. »Me kébé m’a dit qu’il veut continuer à apaiser le climat politique surtout qu’à présent la CENI a bonne presse. Mais qu’aussi c’est pour ma propre sécurité car lui et d’autres ont reçu entre mercredi et jeudi matin des menaces sur mon intégrité physique. A part la menace, un commissaire a dit ouvertement qu’en fait il faut ménager l’UFDG, le plus grand parti de l’opposition guinéenne. C’est la raison principale de m’enlever sur l’axe du Fouta » , a t-elle expliqué.
Pour cette commissaire à la CENI, le président de la commission électorale nationale indépendante a violé les textes de loi qui régissent l’institution électorale. »En vertu du règlement intérieur, le président de la CENI désigne les axes des commissaires et peut procéder à des changements à leur demande. Ceci est fait périodiquement et de façon consensuelle. C’est la première fois qu’un tel acte est pris sans consulter l’intéressé. Actuellement, la majorité des commissaire sont sur les axes de leur propre choix et moi on m’enlève de mon axe de manière délibérée », regrette Hadja Ramatoulaye Bah.
Par ailleurs, elle réfute d’un revers de main la raison évoquée par Me Salifou Kébé, président de la CENI. « Je n’accepte pas la raison donnée par le président Kébé car cette raison me prive de mon indépendance en tant que commissaire d’exercer mes responsabilités et aussi m’empêche de respecter le principe à valeur constitutionnelle d’égalité entre les partis politiques. Dois-je recevoir des instructions d’un parti et obéir à ses désirs? Je dis haut et fort NON. J’ai été moulée dans la rectitude et la justice. Je ne négocierai pas mes principes », insiste-t-elle.
La commissaire demande d’ailleurs aux autorités guinéennes et à toutes les institutions républicaines de continuer les nobles efforts visant à consolider le socle de la démocratie.
Nos multiples tentatives pour joindre le président de la Commission électorale nationale indépendante se sont soldées par des échecs. Pour le moment.
Néanmoins, un autre commissaire avec qui nous avons pu échanger partage la démarche de Hadja Ramatoulaye Bah. Pour lui, de telles décisions affaiblissent la CENI dont l’indépendance se trouve ainsi remise en cause.
Nous y reviendrons !
Naby Elma
2 thoughts on “Guinée : Ça sent encore mauvais à la CENI !”