La semaine dernière, un documentaire choc de la chaîne de télévision américaine CNN avait révélé l’existence d’un marché aux esclaves près de Tripoli, vivement dénoncé en Afrique et en Europe.
Pour le président français « ce qui a été révélé par CNN relève bien de la traite des êtres humains. C’est un crime contre l’humanité. Ce trafic nourrit les délinquances les plus graves et les réseaux terroristes . Il génère 30 milliards d’euros par an, touche malheureusement 2,5 millions de personnes – et 80 % des victimes sont des femmes et des enfants», a dénoncé Emmanuel Macron.
Par ailleurs, le ministre français des affaires étrangères a déjà demandé une réunion urgente au conseil de sécurité de l’ONU pour débattre de la situation en vue de trouver des solution rapide à ce phénomène. « La France a décidé ce matin de demander la réunion expresse du Conseil de sécurité des Nations unies pour aborder cette question. Elle le fait comme membre permanent du Conseil de sécurité, elle a la capacité de le faire et nous le faisons» , a déclaré Jean-Yves Le Drian, devant l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député .
Plus loin, il ajoute que «nous souhaitons que le Conseil de sécurité s’entoure des avis publics de l’Organisation internationale des migrations et du Haut- Commissariat aux réfugiés, pour que ces deux organismes des Nations unies rendent public l’état réel de la situation en Libye, dont fait partie la traite des migrants», a précisé le chef de la diplomatie française.
Rappelant que les autorités libyennes, plusieurs fois alertées, avaient lancé une enquête et M. Le Drian a souhaité que cela aille vite pour que justice soit rendue, faute de quoi, «nous devrons engager une procédure internationale de sanction» , a-t-il menacé.
Depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, les passeurs, profitant du vide sécuritaire et d’une impunité totale en Libye, font miroiter un passage vers l’Italie – qui se trouve à 300 kilomètres des côtes libyennes – à des dizaines de milliers de personnes cherchant une vie meilleure. «La résolution de ce type de drame ne peut avoir lieu que s’il y a une solution politique» en Libye, a conclu Jean-Yves Le Drian. « Nous souhaitons qu’il y ait une prise de conscience des acteurs libyens de la nécessité d’aller vite face au drame que nous constatons », a-t-il fait valoir, alors que des autorités rivales, à Tripoli et à Tobrouk, et de nombreuses milices se disputent encore le pouvoir.
Naby Elma