Capitaine Marie Louise Aspe Camara, c’est son nom, puisqu’il s’agit d’elle, a été mise aux arrêts au petit matin de ce lundi 09 septembre 2019 par une équipe mixte composée des agents du BCN INTERPOL, ceux du corps des conservateurs de la nature plus les activistes du projet GALF (Guinée Application de la Loi Faunique). Son crime ; détenir en captivité un bébé chimpanzé, une espèce animale intégralement protégée.
Selon nos informations, Mme Marie Louise Aspe Camara est une douanière au grade de capitaine qui travaille à la brigade maritime de la douane à Conakry. Pour des raisons familiales, elle aurait décidé de quitter Conakry pour aller s’installer à Forécariah en attendant la sortie de sa mutation pour Pamalap. C’est dans cette attente qu’elle s’est donnée la peine d’acheter un bébé chimpanzé des mains d’un inconnu en provenance de la Sierra Léone, pays frontalier à la Guinée. Ce qui confirme bel et bien la thèse du trafic de chimpanzé en Guinée et dans les pays frontaliers.
A l’en croire lors de son audition, dame Camara a fait savoir qu’elle n’avait aucune intention de commercialiser cet animal qu’elle aime tant et parfois, qu’elle dormait avec lui dans son lit.
Par contre, le simple fait de détenir un chimpanzé qui est une espèce intégralement protégée constitue une infraction aux yeux des dispositions des articles 56, 57,58 et 166 du code de protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse. Or, Mme Marie Louise dit ne pas savoir si détenir le chimpanzé est une infraction. Alors que quelques formations auxquelles la douane a été associée ont été organisées pour renforcer les capacités de quelques agents sur le phénomène de la criminalité faunique.
Après son arrestation, capitaine Marie Louise aspe Camara a été auditionnée par un agent assermenté des Eaux et Forêts avant d’être déférée devant le parquet de la justice de paix de Forécariah. Le bébé chimpanzé quant à lui, a été confié au projet GALF qui en collaboration avec les autorités guinéennes et celles de la Sierra Leone, procèdera les jours à venir au transfert de l’animal dans le sanctuaire de Tacugama en Sierra Léone.
A noter qu’avant et dans un rapport produit par l’Assemblé Nationale via la commission ressources naturelles, la Guinée était un des pays dans le monde où il y avait le plus d’exportations illégales de grands singes vers l’Asie, le Moyen-Orient et même l’Europe, 130 chimpanzés, 10 gorilles et 10 bonobos ont été exportés illégalement en Chine et en Arménie via des permis CITES frauduleux délivrés par l’ancienne autorité de cette institution en Guinée entre 2007 et 2014. Ce qui est plus grave, les gorilles et les bonobos sont des espèces qui n’existent pas en Guinée.
Pour mémoire, la Guinée était présentée à cet effet comme une plaque tournante du trafic international des espèces sauvages et est toujours sous sanction par la Convention Internationale sur le Commerce des Espèces de faune et de flore sauvage menacée d’extinction (CITES
Il faut rappeler que le trafic d’espèces animales sauvages est un crime organisé transnational. Il représente le 4ème commerce illégal le plus important au monde amassant plus de 20 milliards de dollars chaque année.
Affaire à suivre….
Fatou Kourouma