Ces derniers mois, l’État guinéen a multiplié les efforts pour améliorer les conditions de vie des citoyens, en particulier les fonctionnaires et les retraités. Revalorisation salariale, augmentation des pensions : les mesures adoptées traduisent une volonté de redonner du souffle au pouvoir d’achat des ménages.
Mais dans la réalité, cet élan est freiné par un obstacle majeur : la cherté du logement. Les loyers, en constante augmentation, grignotent une part considérable des revenus et privent de nombreuses familles de la possibilité de couvrir convenablement leurs besoins essentiels. Entre charges locatives, alimentation, scolarité et santé, l’équilibre budgétaire devient un véritable casse-tête pour une grande partie de la population.
« Avec mon salaire, je dépense déjà les 65% rien que pour un petit appartement. Et les 35% qui me restent, ne peuvent pas me permettre de faire face à mes besoins primaires», confie Mabinty Sylla, fonctionnaire, évoluant dans le secteur éducatif. Comme pour elle, de nombreux ménages consacrent plus de la moitié de leurs revenus au logement, réduisant drastiquement leur capacité à se nourrir convenablement, à éduquer leurs enfants ou à accéder aux soins.
Cette pression sur les foyers entraîne un cercle vicieux : l’instabilité sociale s’aggrave, le pouvoir d’achat s’effrite et la productivité nationale en souffre.
Selon certains économistes, l’absence de régulation dans le secteur immobilier fausse le calcul du revenu national par habitant : « En théorie, le revenu moyen augmente, mais en réalité, il est absorbé par un coût de logement exorbitant qui ne profite qu’à une minorité », explique Ousmane Soumah, économiste.
Ce paradoxe met en évidence un défi de taille pour les autorités : sans une politique efficace de régulation du marché locatif et de promotion du logement social, les efforts consentis sur le plan financier risquent de rester sans effet tangible sur la vie quotidienne des ménages.
Gassime Fofana
