Fête de Ramadan : quand les prix troublent le sommeil des parents

L’inquiétude liée aux prix des aliments pendant le Ramadan cède le pas aux soucis d’acquérir des articles de fête. A quelques jours de la fête de Ramadan, les parents sont confrontés à la flambée vertigineuse des prix sur les marchés de Guinée. Une situation insupportable pour beaucoup de familles qui parviennent difficilement à joindre les deux bouts. 

En bazins rutilants, chaussures de modèle récent ou en jeans de dernière génération, … La fête de Ramadan arrive et chacun veut paraître ce jour-là sous ses meilleurs atours. La volonté ne manque pas mais cela a un coût que beaucoup ne pensent pas pouvoir supporter. «Vraiment, le marché est cher, cher et dur. Avant, un complet d’enfant était à 40 ou 45 mille francs guinéens, mais maintenant, il faut débourser entre 80 et 90.000 de francs guinéens pour le même complet sans compter la paire de chaussures. Avec les moyens limités, je me demande si tous mes enfants auront de nouveaux habits cette fois », se lamente Fatoumata Sylla, qui doit habiller ses six enfants.

Pour  les grandes personnes, c’est la même contrainte. Il faut désormais payer jusqu’à 120.000 pour s’offrir le mètre de bazin alors que les tissus en provenance de Dakar ( Tissu Dakar)  se négocient entre 150 et 300.000 francs guinéens. Ces prix sont loin d’être à la portée de toutes les bourses en Guinée.

Pour Bintougbè Condé, une institutrice que nous avons rencontrée au marché d’Enta, dans la commune de Matoto, la hausse des prix sur les différents marchés de Guinée à la veille de la fête, s’explique par l’anarchie qui gangrène le pays. « Rien n’est régularisé  à la base. Tout est laisser-faire. Et à la longue, c’est le consommateur qui subit les conséquences de cette instabilité de prix des articles », regrette-t-elle avant d’ajouter : « j’ai passé deux jours à sillonner les marchés d’Enta, de Matoto et de Madina dans l’espoir de trouver des habits à un prix raisonnable, mais hélas, les marchés actuellement sont les mêmes ou plus. Et avec les maigres salaires, on ne peut pas faire grand-chose. Il m’a fallu faire des prêts pour satisfaire au moins les besoins de mes enfants ».

Et si les enfants de Bintougbè ont la chance de bénéficier des efforts de leur mère, d’autres, par contre, cherchent par eux-mêmes les moyens de se trouver des habits de fête. C’est le cas d’Almamy Babara Soumah, agé de 11 ans qui fait désormais dans la débrouillardise à la plaque de Matoto où il aide à charger des taxis. « Mes parents n’ont pas la possibilité de me trouver des habits même pendant les fêtes. Alors que mes amis, les enfants de nos voisins et les autres parents achètent de nouveaux habits pour leurs enfants. Donc un ami m’a dit qu’on peut gagner de l’argent en embarquant des passagers dans les taxis au niveau des stationnements et c’est ce que je fais dans l’espoir de me trouver des articles de fête ».  Un pari qu’il est en passe de gagner parce que, selon ses explications, depuis le début du mois de ramadan, Almamy a pu économiser un peu plus de 130.000 francs guinéens. Une somme qui lui a permis d’acheter un ensemble Jean, une  paire de chaussures et des lunettes.

Gassime Fofana

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