L’Union africaine est une organisation intergouvernementale d’États africains créée le 9 juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 9 septembre 1999. Elle remplace l’Organisation de l’unité africaine. Malgré les efforts politiques et économiques, certains acteurs pensent que l’institution peine toujours à réaliser ce pour quoi elle a été créée.
Dans son intervention, Saibou Fofana, acteur de paix dans l’espace de la CEDEAO et analyste dit tout d’abord être heureux de partager cette analyse à l’occasion de la fête de l’Union africaine créée depuis le 25 mai 1963 en tant que OUA. Avant d’ajouter : « l’objectif du développement du continent africain, l’objectif de mettre en place une collaboration inter étatique, de protection environnementale, de la sécurité humaine, de la paix et de la sécurité peine toujours à être réalisé. Cette faiblesse marque l’inefficacité de l’organisation en termes d’impulsion pour développer et réaliser ses objectifs. Mon regard sur l’organisation africaine est donc un regard critique et amer. Quand je prends l’exemple sur la gouvernance, aujourd’hui, l’Afrique souffre encore pour atteindre ses objectifs de démocratisation des institutions et des États », indique M. Fofana.
Des facteurs qui nuisent au développement de l’Union africaine
Pour notre interlocuteur, malgré des années d’indépendance, plusieurs pays du continent sont encore caractérisés par des actes qui sapent les valeurs de la démocratie et entravent le développement sur le continent africain. « De nos jours, nous assistons à l’interruption des mandats constitutionnels établis, à des coups d’Etat et aux hold-ups électoraux sur le continent. Ce qui ne favorise pas la consolidation de l’économie africaine, la protection des droits de l’Homme, la paix et la sécurité », soutient Saibou Fofana.
Dans l’évolution de son analyse, l’acteur de paix et enseignant chercheur regrette que l’Afrique soit toujours en difficultés par rapport au respect des principes démocratiques. Alors que les États ont accepté le principe de l’unification des politiques, gage de gouvernance mondiale. « En plus, la démocratisation de l’Afrique devient encore un problème parce que, les Africains n’adhèrent pas au respect strict des principes démocratiques. Ces principes sont violés. Pourtant, nous avons souhaité être dans la dynamique de la mondialisation. Et si nous sommes dans la mondialisation, ça veut dire que nous sommes dans la gouvernance mondiale, et celle-ci a favorisé le seul instrument, c’est la démocratie. Donc la démocratie doit être appliquée par tout, pour l’intérêt des peuples, pour l’intérêt des citoyens, pour l’intérêt du développement économique et social mais aussi pour l’intérêt de la paix et de la sécurité », ajoute-t-il.
Les défis qui attendent l’Union Africaine
»Le défis, c’est d’abord le respect des protocoles et des conventions qui nous avons adoptés au sein de cette institution. Les protocoles qui favorisent la gouvernance démocratique en Afrique, le respect des droits de l’Homme, qui favorise la paix et la sécurité mais également la protection des institutions africaines. Aujourd’hui, ce sont des défis que cette institution n’arrive pas à atteindre et à relever. Alors ces défis restent encore. Et c’est ce qui prouve l’inefficacité de l’Union africaine », rappelle M. Fofana.
Pour y parvenir, il interpelle les dirigeants africains à suivre les pas de leurs prédécesseurs. « C’est pourquoi, j’invite les chefs d’Etat africains à favoriser la démocratisation de ce continent parce que les devanciers ont voulu la solidarité entre les États, pour que certains soient décolonisés, pour que la colonisation soit bannie du continent. Alors cette solidarité nous a amenés aujourd’hui à avoir une institution. Qu’ils continuent donc dans la dynamique de protéger cette liberté, cette souveraineté. Alors si le continent n’arrive pas à atteindre ça, alors l’Afrique n’a pas besoin de mettre en place une organisation qui doit protéger les intérêts du continent. L’Union africaine devrait être un modèle pour d’autres organisations pour qu’on dise : voilà aujourd’hui les États africains atteignent leur maturité politique, leur maturité démocratique et leur maturité économique », conclut-il.
Gassime Fofana