Examens nationaux : des réformes mais aussi des interrogations

A presque deux mois des examens nationaux session 2023, le ministère de l’Enseignement pré universitaire et de l’Alphabétisation accentue sa communication autour de la bonne conduite à tenir tant par les candidats que par les encadreurs. Il s’agit notamment de l’interdiction des téléphones, des montres électroniques, des écouteurs ou de l’expérimentation de la vidéo surveillance. Mais en réalité,  plusieurs acteurs voient dans bien de ces réformes une répétition, mais aussi une source de dépenses, qui ne peuvent pas permettre de qualifier le système éducatif.  « L’interdiction des téléphones et autres objets n’est pas une première en Guinée.  Peut-être, c’est qui est nouveau,  c’est bien l’usage des caméras de surveillance, mais qui est aussi une propagande et une source de dépense qui n’améliore pas le système d’évaluation. Parce que techniquement, on ne peut pas cerner tous les centres et toutes les salles d’examen de Guinée par les caméras de surveillance. Alors à quoi ça sert de les utiliser que dans quelques centres ? Ceci dit,  les centres où les caméras seront installées,  sont-ils déjà ciblés comme des centres de fraudes ? Si tel est le cas, n’était-il pas mieux d’utiliser d’autres méthodes plus efficaces et moins coûteuses ? Et les autres centres qui ne seront pas sous caméras, est-ce cela veut dire que le ministre sait déjà que ce sont les centres qui ne fraudent pas ? En répondant à cette série de questions, on se rendra compte que la réforme ne colle pas, mais juste une opportunité  de gaspillage », soutient Kerfalla Touré,  vice-président  de l’Association des Jeunes Intellectuels et Sportifs pour le Développement l’Education et la Culture ( AJISDEC).

En plus, ajoute-il, il faut qu’on sache que tant qu’on pense que l’éducation nationale passe par les examens nationaux, on va échouer et faire échouer même  le système éducatif guinéen.  « Parce que le problème n’est pas l’examen,  mais la base, c’est-à-dire  de la maternelle jusqu’au lycée. Pour preuve, si vous vérifiez,  j’ose dire que vous allez voir des candidats de Terminale par exemple qui ne savent pas lire, écrire, analyser, développer  et parler. Ils n’ont aucun outil qui leur permet de passer l’examen en toute conscience alors qu’ils veulent tous avoir l’examen. Donc,  leur unique instrument, c’est la fraude, et cela quels que soient les risques. Voilà l’un des épineux problèmes de notre éducation, un problème de base, qui trouve son fondement dans la pédagogie inadaptée,  dans la faible volonté de l’État vis-à-vis du secteur éducatif,  dans le faible niveau de beaucoup d’enseignants, dans le désengagement des parents, dans le chômage des diplômés,  dans la perte d’appétit éducatif des apprenants et dans le manque d’infrastructures scolaires modernes. Et malheureusement,  les acteurs de l’Education, notamment le Ministre, pensent qu’il  faut révolutionner l’éducation par le sommet que par la base.  C’est ce qui fait que les produits de nos écoles sont peu ou pas du tout compétitifs tant sur le plan continental que mondial. C’est pourquoi,  il faut qu’on dépasse ces réformes de populisme,  et qu’on engage de vraies réformes qui peuvent toucher la racine du mal dont souffre notre système éducatif », explique-t-il.

Gassime Fofana

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