Alors que l’Institut National de la Statistique de Guinée situe le taux de chômage des 15 ans et plus à 5.2% et le sous-emploi à 12.8%, plusieurs observateurs, pensent, eux, que le taux de chômage de jeunes dans le pays se situerait à un niveau dépassant de loin ces données. La réalité sur le terrain démontre également qu’ils sont nombreux ces jeunes guinéens qui sont en situation de chômage, et d’autres de sous-emploi. Pour ainsi juguler cette situation et créer de l’emploi pour tous notamment pour les jeunes, le gouvernement de transition par le biais du ministère de la jeunesse, à travers le projet BoCEJ, a organisé cette semaine un atelier de deux jours sur le cadre de concertation pour l’employabilité des jeunes.
Mais est-ce vraiment une solution au problème ?
Pour Ibrahima Sory Diakité, économiste, « la problématique de l’emploi des jeunes en Guinée ne pourrait se résoudre en tenant des rencontres médiatiques ou simples ateliers, qui n’ont jamais eu d’effets directs sur la situation. Il faut plutôt déterminer la ou les causes du phénomène. En déterminant cela, nous allons trouver des alternatives afin d ’y remédier », insiste l’enseignant qui revient sur les raisons du chômage en Guinée qu’il explique par trois facteurs: « primo, on a le facteur socioculturel qui se traduit par le cursus professionnel et universitaire qui n’est pas en adéquation avec les besoins du marché de travail et d’emploi. Ensuite, on a le facteur politique qui s’explique par le fait que l’État guinéen lui-même ne sait pas comment former, mobiliser et orienter ses ressources humaines selon les exigences du ou de son plan de développement. Enfin, il y a le facteur économique qui s’explique par la concurrence économique très faible en Guinée, provoquant ainsi le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois. »
Pour M. Diakité, si le pouvoir public veut faire face au chômage des jeunes en Guinée, il faut aller au-delà de simples ateliers. « Il faut faire en sorte que les formations universitaires et professionnelles soient en adéquation avec le marché de travail et d’emploi. Parce que quand on regarde nos universités, beaucoup forment des compétences dont l’emploi n’existe pas dans le pays. Ce qui fait que certains, après l’université, sont obligés de se convertir pour au moins survivre. En plus, l’État doit faire l’évaluation de ses besoins en matière de ressources humaines, et joindre cela à la formation. Enfin, il faut davantage que le pays ait une économie ouverte, qui pourrait être source de compétitivité et aussi développe et accompagne techniquement et financièrement l’entrepreneuriat jeunes ».
Gassime Fofana