Éducation : pour un système éducatif guinéen plus inclusif et plus rentable

Mauvaise politique scolaire et de formation, baisse du niveau d’études et manque d’une formation de qualité. Ce sont entre autres facteurs qui résument le système éducatif actuel de la Guinée. Une situation qui demande moult efforts et de réformes réfléchies et conséquentes. Dans son analyse, Mohamed Condé, conseiller au Ministère de l’Information et de la Communication, décrit l’évolution du système éducatif : « c’est difficile de définir de façon catégorique cette évolution mais les systèmes les plus apparents sont les suivants :1958-1968 : une éducation à caractère politique. Le pays était sur une menace existentielle. C’est-à-dire qu’on avait accédé à l’indépendance dans les conditions que l’on connaît. Il fallait refonder le système éducatif, lui donner la possibilité de concevoir une éducation qui donne l’ouverture à beaucoup de jeunes. Parce qu’il ne faut pas oublier que lorsque le régime colonial partait, il y avait très peu de diplômés guinéens. Donc il fallait former l’élite, former ceux qui sont chargés des discussions par rapport aux décisions. Il y a donc eu une réforme en profondeur qui a été opérée de 1958, jusqu’en 1968. A partir de 1968, ajoute l’analyste, il y a eu la révolution culturelle du 02 août. Ça, on est entré dans l’application d’une autre vision de la révolution de l’époque: l’école de la vie et l’école dans la vie. On a basculé dans les langues nationales et cette période – là a été une période très forte qui a marqué l’éducation en Guinée. » Une approche éducative au temps de la révolution. Pendant le premier régime, les autorités ont adopté, selon M. Condé, une stratégie qui consiste à préparer les apprenants aux difficultés de la vie intérieure ainsi que les valeurs patriotiques notamment. « L’école de la vie et école dans la vie, c’est une approche de la révolution. C’est à dire, former les jeunes à affronter les problèmes du pays. Donc on a envoyé par exemple en 1975 les étudiants en campagne, pour qu’ils suivent la vie des populations à la base. Pour qu’ils comprennent les problèmes auxquels les populations sont confrontées à la base et, par conséquent, à leur retour à l’université, qu’ils réfléchissent sur les moyens d’aborder ces problèmes. C’est bien l’école de la vie ça. Et à l’école dans la vie, on vous enseigne le patriotisme. Il y a beaucoup d’aspects extrêmement importants qui sont liés à la vie de la Nation.  C’est ce qui a fonctionné pratiquement jusqu’en 1984 », dit-il tout en précisant : « à partir de 1984, on est revenu encore dans le système élitiste que l’on connaît dans les pays de la sous-région, on est revenu donc à l’ancien système un peu postcolonial. C’est ce qui s’est déroulé pratiquement jusqu’à récemment, et c’est le même système qui continue. Mais aujourd’hui, nous sommes dans une forme améliorée de ça. Ce sont les grandes lignes qui ont marqué l’éducation en Guinée, en ma connaissance. »

Quelques facteurs qui pénalisent le progrès de l’éducation en Guinée 

Pour cet observateur, le premier problème du système éducatif guinéen est l’inadéquation entre les cursus et le marché d’emploi. « Je ne suis pas un véritable spécialiste dans ce domaine, mais en tant qu’observateur, je pense qu’il y a des contraintes que l’on trouve presque dans toute l’Afrique en matière d’éducation et le premier problème, c’est la préparation à l’employabilité. C’est à dire, on a l’impression que des gens sont formés mais ils ne sont pas utilisables par la société. Cela est extrêmement compliqué parce que, on a besoin de maçons, de menuisiers, d’ouvriers d’un certain niveau. Ce ne sont pas des grands magistrats ; ça c’est mon avis. Bon, cela donne impression que les jeunes ne sont pas préparés à être employés immédiatement après leur sortie. Un autre aspect important, c’est ma remarque, on n’insiste pas beaucoup dans les programmes d’enseignement, sur le patriotisme. C’est à dire, l’Education civique. Personnellement, j’aurai voulu qu’on insiste davantage sur la participation des enfants à la vie du pays. C’est extrêmement important. Au-delà de ça, il faut aussi insister sur la formation des formateurs. Je pense que ça, c’est une opération dans lequel le gouvernement devrait beaucoup être engagé pour qu’elle soit poursuivie. Les enseignants, notamment ceux de l’école primaire, parce que ce sont eux la base, ce sont eux qui constituent le soubassement, soient très bien formés et aient la capacité de former dans des conditions qui sont idoines. Il faut donc concevoir des programmes d’enseignement qui puissent diminuer le taux d’échec dans la vie. »

Quelques solutions !

« Je ne suis pas spécialiste dans le domaine, mais je parle en observateur. En évoquant les problèmes, j’ai apporté des solutions. Il faut renforcer l’enseignement technique. Il y a eu beaucoup de mesures ces derniers temps mais, il faut encore renforcer l’enseignement technique, puis l’intégrer dans l’enseignement général. C’est-à-dire, à partir du lycée ou d’ailleurs, à partir de là 10ème année, que les enfants soient plus ou moins orientés et qu’en cas d’échec au brevet, qu’ils soient utilisables et que ceux qui continuent de l’autre côté du bac soient aussi utilisables. Donc, il faut intégrer les branches techniques dans l’Enseignement général. À notre temps, il y avait des lycées techniques et même des collèges techniques. Cela permettrait donc de régler en grande partie le problème de l’employabilité des jeunes », affirme-t-il.

Mamadou Chérif Barry

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