C’est à l’occasion de l’ouverture de la deuxième édition du forum de l’Etudiant guinéen que le président guinéen, Alpha Condé, s’en est encore pris aux enseignants et syndicalistes du pays. Pour le chef de l’exécutif, aucun, à part ceux qui sortent de l’Isseg et l’Eni, ne sera recruté dans le secteur. Une annoncé irréaliste, selon plusieurs observateurs.
« Chacun doit accepter d’être à sa place au lieu de gagner l’argent sans rien faire ». C’est l’essentiel du discours que le président guinéen a tenu ce vendredi à l’occasion du lancement de la deuxième session du forum de l’Etudiant guinéen.
Pourtant, analysent certains acteurs, dans plusieurs secteurs d’activités en Guinée, beaucoup sont recrutés alors que ce n’est pas leur domaine de compétences. « C‘est un discours irréaliste. Parce que cette problématique n’est pas propre au secteur de l’éducation. Par contre, tous les secteurs sont affectés par cette réalité. Pour preuve, l’État n’a qu’à faire les statistiques des dossiers des recrues, vous allez voir que beaucoup font du journalisme alors qu’ils n’ont pas étudié ce métier; d’autres sont communicants sans être passés par un institut de Communication », explique Ansoumane Condé. Pour ce sociologue, reserver l’enseignement exclusivement à une catégorie donnée ne saurait être une raison valable pour améliorer le secteur éducatif guinéen. «Parce que beaucoup sortent de ces écoles de professeurs et de maîtres sans véritable formation ou capacité à dispenser des cours alors qu’il y a d’autres qui ne sortent ni de l’ENI encore moins de l’ISSEG qui disposent des compétences requises pour enseigner ».
Pour lui, il faut donc être réaliste et confier des postes de responsabilité à ceux qui les méritent. « L‘État doit mettre l’accent sur sa politique de recrutement. C’est-à-dire faire en sorte qu’il n’y ait pas de corruption ou de favoritisme dans les tests. On constate parfois que pour intégrer la fonction, il te faut payer une dizaine de millions. Compétent ou pas, vous êtes admis. Ceux qui n’ont pas ces millions passent le test mais en vain. Parce que même s’ils sont admis, les places sont déjà vendues», fait remarquer M. Condé.
Gassime Fofana