Destitution de Kèlèfa Sall: le pouvoir a-t-il une responsabilité ?

C’est une fin de mandat agitée pour le pouvoir de Conakry. Ces derniers temps, le pays demeure paralysé par d’énormes crises sociopolitiques notamment celle qui prévaut en ce moment à la Cour constitutionnelle. Une crise qui fait suite à la destitution de son président par les 8 autres conseillers. Et pourtant, selon certains juristes et défenseurs des droits humains, c’est un acte anti constitutionnel derrière lequel ils voient une main noire.

La Guinée aura passé le plus clair de son temps englué le plus souvent dans des conflits d’intérêt. La crise à la cour constitutionnelle en est une illustration patente. Cette situation attire aujourd’hui l’attention de toutes les couches: partis politiques, société civile, les bâtonniers et autres acteurs. L’acte des 8 conseillers est condamné par beaucoup de personnes. C’est le cas de Mohamed Souaré pour qui le dossier Kéléfa Sall est un dossier vide juridiquement. «Parce que, précise ce professeur de droit, il n’y a aucun fondement ni aucune légitimité dans les arguments sur lesquels se focalisent les 8 conseillers. Leur thèse est que le président de la Cour constitutionnelle serait inapte à poursuivre les actions et jouer pleinement le rôle que lui recommande cette institution. Supposons que cela soit vrai, mais ils ne sont pas habilités à nous faire parvenir un tel argument. Cela doit émaner du rapport d’un collège de médecins spécialisés et assermentés. Mais ce qui est sûr, cette décision des conseillers n’a rien de lois ni de démocratie, c’est une prise de décision fondée sur des règlements de comptes».
Le discours de Kéléfa Sall est-il à l’origine de son malheur?
En tout cas, certains acteurs et citoyens y voient quelque chose. C’est au cours de la deuxième investiture pour le deuxième et dernier mandat d’Alpha Condé que le président de la CC a tenu un certains propos: « M. le Président gardez-vous bien de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes , car si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance , il reste cependant légitimement vigilant».
Pour beaucoup d’observateurs aujourd’hui, ces propos seraient la principale raison de sa destitution et estiment que le pouvoir serait responsable. «Je pense que la destitution de Kéléfa Sall, le pouvoir aurait une responsabilité. Parce qu’ il semblerait que ces propos ont été pour le pouvoir comme une entrave à toute idée de troisième mandat. C’est pourquoi, il aurait fomenté avec les 8 conseillers pour écarter cette barrière. Sinon, il n’y a pas d’arguments ni de preuves légales qu’on pourrait accepter pour dire oui, juridiquement et selon la Constitution, le président de la CC devrait être destitué. Mais c’est juste une émotion et non une loi», conclut-il.
                                                    Gassime Fofana

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